Coronavirus : des voyageurs d'Occitanie bloqués à l'étranger à cause de la fermeture des frontières

Lundi, Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des frontières de l’espace Shengen. Entre temps, d’autres pays ont également décidé de bloquer leurs frontières. Ces décisions rendent encore plus difficile la situation de voyageurs d'Occitanie bloqués à l'étranger à cause du coronavirus.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Montpelliérains, Perpignanais, Toulousains, Tarbais... des hommes et des femmes de toute l'Occitanie sont bloqués à l'étranger, loin de la France, en pleine crise du Coronavirus. Certains nous ont raconté leur histoire.

"Emprisonnés" à l'aéroport de Bangkok

Alexandre fait partie des deux montpelliérains enfermés dans une succursale de l'aéroport de Bangkok. Sa situation, il ne la comprend pas lui-même. 
 Quand en milieu d'après-midi (heure française), on essaie de communiquer avec lui, il répond un message au champs lexical alarmant : "Maintenant ? Car il est 22h ici et mes codétenus dorment à poing fermé. Nous sommes 16 enfermés ici."

Tout ce qu'Alexandre sait, c'est ce qu'il vit. Confiné dans une petite pièce du rez-de-chaussée de l'aéroport de Bangkok, pour au moins 14 jours. Il a été amené dans ces bureaux de "transit foreigners" par une dizaine de "bureaucrates en uniforme militaire", après avoir tenté de se rendre au Sri Lanka, où une maison au bord de la plage l'attendait. Fin du rêve.

Début du cauchemar. "On est enfermés parce qu'on est français, mais on a pas mis les pieds en Europe depuis un an ! " L'Europe est en effet devenu le centre de l'épidémie du Covid 19. Avec lui, un Anglais, un Canadien, un Américain, 9 Bangladais, une Allemande et son ami, Marco. 
 

A l'origine, Alexandre et Marco disposent d'un "Working Holiday visa", en Nouvelle Zélande pour un an. Sur le chemin du retour, ils décident de faire deux arrêts : en Birmanie et au Sri Lanka. C'est de cette dernière île qu'ils se font renvoyer à Bangkok par les autorités.

"Après plus de deux heures d'attente, ils nous appellent un par un dans leur bureau pour nous photographier" précise Alexandre. Ensuite, ils se retrouvent forcés de signer un contrat intitulé "Alien contract". Rédigé en Thaïlandais, les deux français n'y comprennent rien. Ils sont conduit dans une salle au sous sol, et y découvrent des lits rudimentaires collés les uns aux autres.

Au total 16 personnes sont bloquées. Elles n'ont l'autorisation de quitter la pièce que pour acheter à manger dans le hall de l'aéroport. "Ils nous apportent deux repas par jour, donc ça va" songe Alexandre. Il précise ce qui l'inquiète le plus "d'être reclus sans possibilité de sortir, de voir le soleil, d'aller fumer une clope ou de tenter de réserver un avion."

Des questions, pas de réponses. Ce qu'Alexandre croit comprendre, c'est que la Thaïlande cherche un accord avec une compagnie aérienne pour les renvoyer chez eux. L'ambassade française, elle, lui a répondu qu'ils essayaient d'accélérer les choses, "mais ce n'est pas simple d'après ce que j'ai compris, car nous ne pouvons plus entrer sur le territoire thaïlandais, et les vols internationaux, en tout cas vers l'Europe, se font depuis l'autre aéroport de Bangkok".

En plus de cette situation, au réveil, les autorités lui demandent de payer pour rester dans cette salle. "Ils détiennent nos passeports et nos bagages comme moyen de pression" ajoute-t-il.

Sans nouvelles de sa mère de 75 ans, bloquée au Guatemala

Laetitia est Tarbaise (Haute-Pyrénées). Sa mère, 75 ans, est partie avec un groupe de 8 randonneurs de son âge depuis Toulon vendredi 6 mars dernier, à destination du Guatemala. "Ils ont eu le malheur d'être dans l'avion du premier cas de coronavirus au Guatemala, qui est mort un peu plus tard" explique Laetitia. Après avoir fait leur circuit de randonnée, le 16 mars, "on leur annonce qu'ils doivent écourter leur voyage" raconte-t-elle. Ensuite, le groupe a été retenu par la police aux environ d'Antigua (Guatemala). "Ils ont passé la nuit dans un hangar sans avoir eu à manger le midi, ni le soir" s'inquiète Laetitia. Sa mère lui raconte que tout le groupe est surveillé de près par la police locale.
 

Sans réponse de l'ambassade de France au Guatemala, Laetitia dénonce : "c'est une honte de retenir des personnes de cet âge dans ces conditions !" Le retour de sa mère était prévu initialement pour le 24 mars. 

[Actualisation : ce 19 mars, Laetitia a finalement reçu un mail de l'ambassade : "Le Consul vient de rappeler le responsable de l'Inguat (institut guatémaltèque de Tourisme) qui est avec eux à Antigua. Il indique que tout va bien et qu'ils sortiront entre 13h et 15h heure locale. Ils les accompagneront à leur hôtel."]

Des dizaines de français coincés en République dominicaine, à leur charge

Ils se rendent chaque jour à l'aéroport de Punta Cana, dans l'espoir de pouvoir monter dans un avion à destination de la France. Sur leur groupe Facebook intitulé "Ressortissants français bloqués en république dominicaine" ils sont 207 membres.
 

Parmi eux, un couple de Perpignanais réclame de l'aide à l'ambassade française. Arrivés le 9 mars pour passer leurs vacances à Punta Cana, leur vol prévu le 16 mars a été annulé par leur compagnie : Air Caraïbe. Depuis, cette dernière n'a prévu aucun retour pour eux. Tous les jours, ils espèrent pouvoir grimper dans un avion à destination de la France, mais tous sont complets, réservés aux voyageurs dont les agences de voyage s'occupent du rapatriement.
 

La veille, ils ont passé la journée à l'aéroport dans l'espoir de rentrer chez eux. "On a même pas pris le temps de manger" racontent-ils. "On est tous à cran, ça devient difficile ça fait plusieurs jours qu’on se bat" ajoutent-ils.

Plusieurs dizaine de français sont dans le même cas de figure que ce couple de trentenaires. Ils s'organisent, s'entraident et se répartissent les tâches. Les uns envoient des mails à l'ambassade, les autres aux compagnie aériennes. "On se retrouve confronté à des murs!" dénonce le couple, qui a envoyé des mails, entre autres, au maire de leur ville. En attendant, ils doivent payer hôtel et repas chaque jours. Un établissement à 125 euros la nuit pour le couple de Perpignanais, qui s'inquiète de voir de plus en plus d'hôtels fermer leurs portes. "Il n'y a pas moins cher. Ou alors ce sont des endroits où l'on ne se sent pas en sécurité et on ne peut pas prendre le risque, en plus, de se faire voler nos affaires".
 

Les ventes de vols sur internet ont été arrêtées. Deux solutions : le rapatriement par les compagnies aériennes d'origine, ou par l'Etat français. Pour eux un seul objectif : être confiné, mais en France. "Ce qui nous inquiète c’est de ne pas trouver d’hôtel pour dormir mais surtout de tomber malade et d'être mal pris en charge. On est pas dans notre pays, c'est difficile, avec la barrière de la langue, et de la culture aussi." Leur visa a déjà expiré. Et l'ambassade ne leur donne, pour l'instant, aucune réponse.

[ Actualisation : ce 17 mars le couple de Peripgnanais nous indique qu'il a finalement réussi à rentrer en France, mais que d'autres français sont encore "coincés là-bas".]

Des nouvelles du couple de Tarbais en Egypte

C'est sur le Nil qu'était bloqué un couple de Tarbais. Philippe et Evelyne Gruwé espéraient réaliser un voyage merveilleux pour leurs 30 ans de mariage. Un rêve qui a viré au cauchemar. Evelyne Gruwé, atteinte du coronavirus, a été hospitalisée avec 6 autres Français de son groupe de voyage près d’Alexandrie. Depuis, l'un d'entre eux est guéri. Son mari, lui, est resté bloqué à plusieurs centaines de kilomètres de là sur un bateau sur le Nil avec 17 autres ressortissants, avant d'être rapatrié en France.
 Leur fille, Aurore Grauwé, s'inquiète de la fermeture des frontières, annoncée par Emmanuel Macron

On espère que le rapatriement via les transports militaires soit possible, explique la fille du couple de Tarbais. 

"Ma mère ainsi que les autres personnes là-bas sont fatiguées. Elle nous a dit qu'elle aurait besoin de temps pour s'en remettre une fois rentrée en France, physiquement et psychologiquement. Ca devient dur, elles ne voient toujours personne" ajoute-t-elle.

Pour l'instant, aucun rapatriement n'est prévu pour sa mère. 
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information