Dans son dernier rapport publié aujourd’hui, l’Institut Pasteur fait des projections régionales sur l’évolution de la pandémie en France métropolitaine. En Occitanie, la situation est très inquiétante. Le nombre d’hospitalisations quotidiennes pourrait y atteindre plus de 400 personnes dès fin août.
Ce sont des données qui sont particulièrement scrutées par le gouvernement, mais aussi par le milieu hospitalier. Régulièrement, l’Institut Pasteur établit des projections sur l’impact de la pandémie en France.
Dans son dernier rapport datant du 5 août et publié ce vendredi, il affine son analyse et nous livre dans un document de 19 pages, les “Dynamiques régionales des hospitalisations liées au variant Delta “.
Des données à prendre avec des pincettes comme l’expliquent les chercheurs dans leur préambule : “Ces scénarios sont faits sur la base de données incomplètes et d’hypothèses incertaines. La propagation du virus SARS-CoV-2 est difficile à anticiper; et la dynamique de l’épidémie peut changer rapidement. Les trajectoires décrites dépendent des hypothèses faites; si les hypothèses ne se réalisent pas, la dynamique observée pourra être différente des projections. “
Des prévisions incertaines mais une évolution rapide des cas Covid+
Il s'agit des premières projections à l'échelle régionale. Les chercheurs tiennent compte de l'efficacité des vaccins, du rythme de la vaccination, et du taux de transmission du variant Delta. Ils s’appuient sur “la base de données SI-VIC qui recense chaque jour les hospitalisations de patients infectés par le SARS-CoV-2 dans les hôpitaux publics ou privés en France”.
Pour établir ces nouvelles projections, les premières à l'échelle régionale, les chercheurs sont partis de plusieurs hypothèses pour l'efficacité des vaccins, le rythme de la vaccination, et le taux de transmission du variant Delta.
— Nicolas Berrod (@nicolasberrod) August 13, 2021
2/10 pic.twitter.com/E2Cszzilri
Il en ressort que deux régions sont particulièrement touchées par le variant Delta, les régions PACA et Occitanie. En clair, l’arc méditerranéen, qui chaque année, accueille beaucoup de touristes. Quand on va dans le détail des chiffres, plusieurs hypothèses sont présentées pour les admissions à l’hôpital et en soins critiques, comme le montre ce graphique fait par l’Institut Pasteur qui établit un lien entre le nombre de vaccins distribués et le nombre d’hospitalisations.
Scénario le moins optimiste - si on retient l’hypothèse de 600,000 doses de vaccins distribuées chaque jour et que le taux de transmission reste constant dans les semaines à venir - le nombre d’admissions à l’hôpital pourrait dépasser les 400 fin août, et plus de 100 personnes en soins critiques.
En revanche, si on retient l’hypothèse de 800.000 doses de vaccins par jour (avec un taux de transmission constant), ce chiffre “tombe” à un peu plus de 300 hospitalisations par jour et moins de 100 en soins critiques.
Un taux de transmission élevé en Occitanie
Même analyse en matière de taux de transmission. Plus il est bas, moins il y aura d’hospitalisations. Les chercheurs de l’Institut Pasteur partent de l’hypothèse de 600.000 vaccinations par jour et d’un taux de reproduction de base du virus (ce qu’on appelle le R0) de 3,61. En d’autres termes - et c’est aussi là qu’on mesure la dangerosité du variant Delta - 1 personne atteinte de cette forme du Covid, contamine en moyenne "3,61" personnes.
Si ce taux de transmission baisse de 25%, le nombre d’hospitalisations pourrait descendre à moins de 200 par jour, fin août. Même conséquence pour les soins critiques, avec un peu plus de 50 personnes admises par jour, lors du pic fin août.
Même s’il s’agit de projections, ces chiffres semblent démontrer une fois de plus le lien entre vaccination et nombre de cas. C’est la conclusion des chercheurs de l’Institut Pasteur : ”L’effet combiné de l’accélération de la vaccination et d’une réduction, même petite, du taux de transmission peut avoir un impact important sur la taille de la quatrième vague dans les régions les plus affectées. Il est donc essentiel que l’accélération de la vaccination continue avec une adhésion massive de la population et que les taux de transmission diminuent en population générale, grâce notamment au maintien des gestes barrières, au port du masque et au pass sanitaire”.
Mais ce ne sont que des projections. D’ailleurs, les chercheurs de l’Institut Pasteur en conviennent : “Il est possible que le climat et/ou les vacances modifient le taux de transmission sur la période août-octobre par rapport à ce qu’il était fin juin-début juillet”.