Une dépression a porté jusqu'en France un sable venu du Sahara. Il a coloré le ciel de nombreuses villes ce samedi et changé les paysages de façon spectaculaire dans les Pyrénées, pour le plus grand bonheur des promeneurs. Les scientifiques les appellent maintenant à récolter des échantillons.
C'est un phénomène météorologique connu mais son ampleur a fait le bonheur ou la surprise des promeneurs dans les Pyrénées. Un sable venu du Sahara est remonté sur une grande partie de la France ce samedi. Il a rendu le ciel de Toulouse jaune au matin, celui de Mulhouse et de Lyon plus orangé. Et recouvert bon nombre de voitures de poussière. Mais c'est sur les montagnes que ce souffle venu du désert a été le plus spectaculaire.
Une avalanche de publications sur les réseaux sociaux
Dans les Pyrénées, parfois combiné à de la pluie en haute altitude, il lui a suffi de quelques heures pour changer la neige en or et les paysages en désert, comme le montrent les publications ravies de nombreux internautes.
Devant ce restaurant andorran, tout près du Porte-Puymorens, par exemple, le paysage a pris des allures lunaires :
Aujourd’hui en Andorre ?? a deux pas de Porte-Puymorens avec la pluie du Sahara
Publiée par UNA Porté-Puymorens / Hôtel Bar Restaurant sur Samedi 6 février 2021
Un peu plus loin, à Granvalira, toujours en Andorre, cet automobiliste gratte le sable avec sa clé de voiture pour retrouver la blancheur de la neige :
Pendant qu'un skieur contemple le paysage martien sous ses spatules :
?? @noworkingonpowderdays #sablesaharien #pols #andorra ??Preuve qu’il y a de l’eau .... sur Mars!
Publiée par Météo Pyrénées sur Samedi 6 février 2021
Météo France explique que c'est une dépression installée sur la péninsule ibérique qui organise ce "puissant flux de sud qui fait remonter du sable du Sahara jusqu'en France". Et publie une image satellite où l'on distingue en jaune pâle ces trainées de sable du désert :
?Vu de l’espace || Un système dépressionnaire sur péninsule ibérique organise un puissant flux de sud qui fait remonter du sable du #Sahara jusqu'en France. Remontées sahariennes apparaissent en jaunâtre sur image sat. entre Baléares et Sardaigne.
— Météo-France (@meteofrance) February 6, 2021
? METEOSAT11, 06/02, 12hUTC pic.twitter.com/jG6Y7Khs0M
Une poussière qui n'est pas sans conséquences
Parmi les images les plus spectaculaires de ce phénomène, il y a les vues satellites publiées ce dimanche 7 février par Copernicus, le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne. On y voit notamment le parc naturel régional Ariège-Pyrénées photographie le 6 février, entièrement recouvert d'une pellicule orange :
Cet épisode avait été prévu par le programme d'observation de la terre qui explique sur son site internet qu'il n'est pas sans conséquences. Ce panache massif de poussière saharienne porte avec lui des valeurs élevées de poussière en suspension et de particules fines de surface (PM10) .
Ces épisodes de poussière représentent un risque majeur pour l’environnement et la santé.
Une étude de 2019, publiée dans The Cryosphère, a ainsi démontré que la poussière venue du Sahara "réduit la durée de la couverture neigeuse en Europe" explique le site. "La poussière assombrit la neige, la rendant moins réfléchissante, ce qui entraîne une augmentation de la fonte des neiges au fil du temps".
Un appel à la récolte d'échantillons
Des scientifiques du Cesbio, le Centre d'Etudes Spatiales de la Biosphère (qui regroupe notamment des chercheurs du CNES, du CNRS et de l'université Paul Sabatier de Toulouse) appellent aujourd'hui les promeneurs a récolter des échantillons, aussi bien dans les Alpes que dans les Pyrénées, où ce sable venu du désert a laissé les dépôts les plus spectaculaires.
"Aidez-nous à mesurer la neige orange !" enjoignent-ils sur internet et sur les réseaux sociaux. Pour les Pyrénées, le chercheur Simon Gascoin publie même le mode d'emploi :
? Si vous allez en montagne ce weekend : aidez-nous à mesurer la neige orange ! ❄️❄️
— Simon Gascoin (@sgascoin) February 6, 2021
Les données seront utilisées par les scientifiques @CNRS_Toulouse @meteofrance @ObsMip @OSUG_fr @IGE_Grenoble @CesbioLab
Merci de retweeter
Plus d'infos : https://t.co/k0Z6kWcZ3i pic.twitter.com/voALiLC5lG
"Nous avons besoin de votre participation pour étudier cet évènement qui semble exceptionnel !" soulignent-ils sur une page internet dédiée qui explique le phénomène, vidéos à l'appui.