Le thermalisme peut pousser un ouf de soulagement : ce secteur d'activité, vital pour certains départements a été fortement impacté par le confinement. Les 15 stations thermales de la Région voient enfin le bout du tunnel : elles vont pouvoir rouvrir début juillet, avec des précautions sanitaires.
Fermées depuis le 16 mars dernier pour cause de confinement, les 15 stations thermales de l'ex Midi-Pyrénées vont pouvoir rouvrir à partir du début juillet. Pour cela elles devront mettre en place d'importantes précautions sanitaires, autant pour leurs personnels que pour les curistes.
Luchon en Haute-Garonne, et Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, seront les premières à accueillir des patients dès le lundi 6 juillet ; pour les 13 autres ce sera - avec plus ou moins de certitude - le lundi 13.
Depuis l'annonce du déconfinement progressif faite par Emmanuel Macron le 13 avril dernier, le Conseil National des exploitants thermaux (CNETh), l'organisme qui coordonne la totalité des stations thermales françaises, a travaillé sur une hypothèse de réouverture autorisée à partir du 13 juillet 2020 prochain.
Le gouvernement nous a pris de court : il a rédigé un décret le 31 mai, publié au Journal Officiel le 1er juin, autorisant la réouverture des stations thermales à partir du mardi 2 juin. Il nous était matériellement impossible d'être prêts à accueillir immédiatement notre patientèle,
explique Jean-Claude Tiné, Directeur de la régie municipale des Thermes de Luchon en haute-Garonne.
En effet, avant toute remise en route du réseau de distribution d'eau thermale dans un établissement il faut impérativement réaliser des analyses et des contrôles bactériologiques au moins 15 jours à l'avance.
De plus cette autorisation de réouverture s'accompagne d'un cahier des charges baptisé "référentiel sanitaire" : il rassemble toutes les mesures de précautions que doivent prendre les établissements pour protéger à la fois leurs personnels et les curistes de tout risque de contamination par le Covid-19. Il faudra :
- assurer un comptage en temps réel du nombre de personnes présentes simultanément pour respecter un chiffre maximum
- mettre en place un sens de circulation pour que personne ne puisse se croiser
- diminuer le nombre de personnes dans chaque bassin pour respecter les mesures de distanciation
- nettoyer et désinfecter les cabines systématiquement entre chaque passage d'un curiste
- les soins effectués de près, par exemple massages, cataplasmes et bains de boue exigeront le port d'un masque, d'une blouse, d'une charlotte, voire d'une visière, qui devront obligatoirement être jetées après un usage unique
"Ce sera un vrai casse-tête, il va falloir du temps pour tout organiser et mettre en place, et cela va forcément limiter la fréquentation maximale à guère plus du tiers de ce qu'elle est en temps normal" s'inquiète jean-Claude Tiné.
La complexité engendrée par la mise en oeuvre de toutes ces mesures est un peu réduite pour les Grands Thermes de Bagnères de Bigorre :
notre bâtiment date du 19ème siècle, il est donc plus grand et plus spacieux; nous pourrons accueillir jusqu'à près de la moitié du nombre habituel de curistes. Nous allons élaborer un plan d'actions pour éliminer tous les goulets d'étranglement. De plus nous bénéficions depuis 2011 de la certification AQUACERT, dont les critères sont déjà beaucoup plus relevés qu'à l'ordinaire
précise Marie-Hélène Blanque, Directrice de l'établissement Bigourdan.
La préoccupation principale des 15 établissements de cure thermale de l'ex Midi-Pyrénées, c'est la fréquentation. Il a fallu informer tous les patients qui avaient réservé leur cure entre le début mars et la mi-juillet qu'ils devaient soit annuler soit reporter leur venue.
Une saison prolongée
La réduction de leur capacité d'accueil a incité la plupart des stations à prolonger leurs dates d'ouverture en novembre, voire même jusqu'au 19 décembre pour celle de Bagnères de Bigorre.
De plus les suites de la pandémie risquent de dissuader certains curistes de venir cette année : à Luchon par exemple on s'attend à ne réaliser qu'un tiers des recettes des années précédentes, sur une durée d'ouverture réduite à 4 mois.
L'origine géographique de la patientèle est également à prendre en compte :
sur les 8569 curistes que nous avons accueillis en 2019, seulement 25 % venaient des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques, du Gers et de Haute-Garonne ; les autres venant de plus loin, ils seront peut-être plus réticents à faire le déplacement alors que le déconfinement connaîtra de nouvelles phases graduelles
analyse Marie-Hélène Blanque.
Sur le plan budgétaire - par exemple - la fermeture des stations des Hautes-Pyrénées pendant les 4 premiers mois de la saison a entraîné une perte évaluée à 30 millions d'Euros : près de la moitié de ce manque à gagner ne provient pas directement de l'activité thermale, mais de ses retombées touristiques en matière d'hôtellerie-restauration et de dépenses chez les commerçants locaux.
Les responsables des établissements de cure soulignent que les thermes ont un rôle médical essentiel : ils comptent sur les élus locaux pour défendre leurs dossiers auprès de l'ARS et des autorités de l'Etat, dans l'espoir d'obtenir la meilleure indemnisation possible de leurs pertes, ou au minimum un accompagnement financier.
Les 15 stations thermales de l'ex Midi-Pyrénées
Les Hautes-Pyrénées sont le 1er département de France pour le nombre de stations thermales. Elles en comptent 7 :- Bagnères de Bigorre
- Capvern-les-Bains
- Argelès-Gazost
- Luz-Saint-Sauveur
- Barèges
- Saint-Lary-Soulan
- Cauterets
- Lectoure
- Barbotan
- Castéra-Verduzan
- Ax-les-Thermes
- Ussat-les-Bains
- Aulus-les-Bains
- Luchon
- Salies-du-Salat.