La cour d'assises d'appel du Vaucluse a condamné lundi Vincent Rouvière à 15 ans de réclusion pour le double meurtre des frères Munoz, retrouvés tués par balles dans une voiture incendiée en 2001 dans le Gard.
Il s'agissait d'un règlement de comptes sur fond de guerre de territoire autour de machines à sous.
La peine de 20 ans de réclusion criminelle prononcée en première instance à Nîmes en 2011 a été confirmée pour son complice, Laurent Laty-Reboul, qui ne s'est pas présenté au cinquième jour du procès, lundi, et qui été déclaré en fuite à la mi-journée.
Le 30 juin 2001, Marc Munoz, 50 ans, et son frère Antoine, 42 ans, avaient été retrouvés tués par balles dans une voiture calcinée le long d'une voie TGV, à Pujaut dans le Gard. La piste du règlement de comptes entre rivaux pour l'emplacement de machines à sous avait été privilégiée par les enquêteurs qui sont remontés, grâce à la téléphonie, à Laty-Reboul et Vincent Rouvière.
Les deux hommes, interpellés en 2003, étaient considérés comme les lieutenants d'un ancien parrain du Gard, Raymond Houlonne, qui a bénéficié d'un non-lieu dans ce dossier.
Lors du procès, les deux accusés, qui comparaissaient libres, ont reconnu avoir été à proximité du lieu du crime, comme le suggérait la géolocalisation de leur téléphone, mais ont contesté toute participation.
Selon Laty-Reboul, Marc Munoz avait un rendez-vous avec une équipe de la pègre des Bouches-du-Rhône et avait sollicité sa présence. Il aurait découvert la voiture en flammes avant de prévenir Rouvière, qu'il devait récupérer dans un bar à Rochefort-du-Gard, que l'entrevue était annulée.
Un rôle de "modérateur" balayé par l'avocat général, Eric Emmanuelidis, pour qui ce double homicide s'inscrit dans "une période de remous dans le milieu, une reprise en main des intérêts, une bagarre des chefs pour le remplacement des uns et des autres".
Par conséquent, il a requis 20 ans de réclusion criminelle, dont deux tiers incompressibles, à l'encontre de Rouvière, 41 ans, qui avait écopé de 18 ans de réclusion en première instance, et que son avocat, Me José Allegrini, a décrit comme "un satellite de Laty, aspiré par l'orbite du milieu des jeux, dépositaire d'un monde qui le dépasse".
La lutte de pouvoir autour de l'exploitation des machines à sous aurait fait, selon les enquêteurs, entre 30 et 60 meurtres de 1995 à 2002 principalement dans le Gard, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône.
L'affaire Munoz est un des rares dossiers ayant été jugé.