Une Gardoise croyait sa mère décédée. Elle l’a finalement retrouvée 18 ans après sa disparition dans un Ehpad du Var. Aujourd’hui Karine réclame des réponses et le droit de pouvoir enfin lui rendre visite. Témoignage.
Pendant 18 ans, Karine Maurel Carrière a vécu avec un manque. Le manque de sa mère, le manque de réponse quant à ce qui lui était arrivée.
En 2001, Michèle Sureau cesse de donner signe de vie. Sa fille prévient alors la police et la justice mais les années passent, sans plus de nouvelles. 15 ans plus tard, le tribunal de Montpellier déclare Michèle Sureau administrativement décédée. “C’est une page qui se tourne mais ça ne m’empêche pas de penser qu’elle est peut-être quelque part”, se souvient Karine. “Je l’imaginais toujours, en mission humanitaire ou ailleurs. J’étais toujours attentive dans les aéroports ou les gares, à chercher sa silhouette, à suivre son parfum.”
Coup de théâtre en 2019
C’est finalement par un courrier administratif que la nouvelle tombe. Une réponse espérée depuis 18 ans, couchée froidement sur quelques lignes : “En la qualité de Tuteur de Mme SUREAU Michèle, nous sommes en demande de contacts avec son entourage familial, dont sa fille (...) Dans l’éventualité où vous auriez bien un lien avec notre protégée, nous vous informons que même si vous ne souhaitez pas rétablir de lien avec elle pour des raisons qui vous appartiennent, nous souhaiterions toutefois pouvoir vous joindre si nécessaire afin de pouvoir vous associer aux dispositions à prendre la concernant en temps opportun”
Ce courrier est signé de l’UDAF, l’Union Départementale des Associations Familiales du Var. Pour Karine, c’est l’incompréhension : “d’abord, je pense qu’il s’agit d’une erreur puisque c’est l’UDAF de l’Hérault qui avait le dossier de maman en charge et qui avait clôturé ce dossier au regard du jugement de décès de 2016.”
Un appel à l’association lui apprend que sa maman a été retrouvée dans la rue, SDF et qu’elle est placée dans un ehpad depuis 2014 !
“A aucun moment je n’en ai été informée ! Pire, deux ans après, elle était déclarée décédée par le procureur de la République de Montpellier !”
Déclarée morte dans l’Hérault, Michèle Sureau continuait pourtant de toucher sa retraite dans le Var.
Une disparition volontaire ?
La relation entre les deux femmes a toujours été conflictuelle. Malmenée par la vie, psychologiquement fragile, la mère abandonne sa fille à l’âge de 8 ans. Mais Karine a toujours maintenu un lien bien que ténu avec sa mère, jusqu’à sa disparition en 2001.
Aujourd’hui, Karine Maurel Carrière est dans l’attente, l’attente de pouvoir revoir sa maman. Car deux ans après avoir reçu le fameux courrier, elle n’est toujours pas autorisée à lui rendre visite. “J’ai le sentiment qu’on m’a volé ma maman. J’ai le sentiment qu’on ne m’a pas laissé la possibilité de m’occuper d’elle”, déplore-t-elle. “A partir du moment où elle a été prise en charge par la société, la première des choses, c’est de contacter sa famille et sa famille c’est moi. On m’a séparé de ma maman et je ne pense pas que ça lui ait été bénéfique.”
La quinquagénaire multiplie les démarches, sans résultat jusqu’à présent. L’UDAF, l’association qui s’occupe de Michèle Sureau précise que la possibilité d’une rencontre est soumise à la volonté de cette dernière. Mais Karine ne lâche rien, elle espère un jour pouvoir serrer à nouveau sa maman dans ses bras, après plus de 18 ans.