A partir du 1er janvier 2020, les agriculteurs devront respecter des zones de non-traitement de 5 à 10 mètres sur leurs parcelles riveraines des habitations. Une mesure insuffisante selon les associations de protection de l'environnement et beaucoup trop contraignante d'après les exploitants.
Après la consultation publique lancée en septembre dernier, le gouvernement a donc tranché. Dès le 1er janvier prochain, les agriculteurs disposant de parcelles proches des habitations devront se soumettre à des règles strictes.Pour les arboriculteurs, il sera désormais interdit d'épandre des produits phytosanitaires à moins de 10 mètres des riverains. Pour tous les autres exploitants, la "distance de sécurité" à respecter sera de 5 mètres.
Ces distances pourront varier en fonction de la dangerosité des produits et l'équipement des agriculteurs.
Des pesticides retrouvés à plusieurs centaines de mètres des exploitations
"Ca n'a pas de sens", s'insurge Jean Olivier, président de France Nature Environnement (FNE) en Occitanie. "Atmo Occitanie qui mesure la qualité de l'air dans notre région, retrouve la présence de pesticides à plusieurs centaines de mètres des exploitations."
FNE exige donc l'arrêt pur et simple de l'épandage sur ces zones riveraines et préconise une aide de l'Etat pour aider les exploitants à convertir les parcelles concernées en agriculture biologique.
17 à 21% de productions perdues
Du côté des agriculteurs, la colère gronde également.
Dans le seul département de la Haute-Garonne cette nouvelle réglementation concernerait environ 23 000 hectares. "Cela représente une baisse de la production de 17 à 21% dans le département", estime Jean-François Lamassé, membre de la FNSEA 31.
Car les agriculteurs sont catégoriques : une zone non traitée est une zone perdue.
"Nous ne sommes pas descendus dans la rue pour défendre nos retraites car elles sont déjà dérisoires. Notre patrimoine foncier est notre seule ressource lorsque nous cessons notre activité. Si on touche à cela, il ne nous reste plus rien", s'alarme Jean-François Lamassé.
2 fois plus de cancers
Entre agriculteurs et écologistes, l'incompréhension est donc totale.
FNE craint un scandale sanitaire de grande ampleur. "Nous respirons 14 000 litres d'air par jour. A la différence de l'eau ou de la nourriture, nous ne pouvons pas sélectionner cet air", précise Jean Olivier.
En 2018, l'association écologiste a mené une étude sur plus de 1000 habitants du Tarn-et-Garonne vivant proches des vergers. Conclusion : ces populations contractent deux fois plus de cancers comparé à la moyenne nationale.
Mais les réglementations d'épandage ne solutionneraient pas le problème d'après les agriculteurs. "Si on se convertit tous au bio, on n'arrivera pas à nourrir toute la population française. Résultat : nous allons importer des produits étrangers dont on ne sait rien des conditions de production", s'agace Jean-François Lamassé.
Cet agriculteur est clair. Il n'appliquera pas la nouvelle réglementation au 1er janvier prochain. "Que diriez-vous si on vous retirait 10 mètres dans votre maison ?", conclut l'exploitant.
La FNSEA promet donc une mobilisation de grande ampleur dès le début de l'année prochaine pour protester contre ces nouvelles mesures.