Entre Sète et Marseillan, l'INRA préserve une collection de vignes unique au monde

Sur le lido, un long cordon dunaire allant de Sète à Marseillan-Plage dans l'Hérault, entre l'étang de Thau et la Méditerranée, sont conservées près de 4.000 variétés de vignes de 50 pays, dont 2.400 cépages identifiés, une collection unique au monde.


Le domaine expérimental de Vassal est une unité de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). C'est là, sur un banc de sable de 27 hectares, qu'ont été introduits depuis 1949 quelque 7.500 plants de vignes, représentés chacun par cinq pieds, à raison de 79 nouveaux arrivants par an actuellement. A charge plus tard pour les scientifiques d'éliminer les doublons.

"On reçoit des variétés du monde entier", assure Blaise Genna, le directeur du site, précisant que pour éviter les maladies, il y a d'abord une période de décontamination de deux ans dans une unité de l'INRA de Clermont-Ferrand.


La particularité du domaine de Vassal est qu'il se trouve sur du sable marin, très peu argileux, indemne de phylloxéra et du nématode xiphinema index, un petit ver parasite. Le premier s'attaque aux racines de la vigne, le second transmet le virus du court-noué. Le domaine permet donc de cultiver la vigne franche de pied et d'éviter le greffage, ce qui se fait sur tous les autres sols.
Ce conservatoire est d'ailleurs né de l'obligation de régénérer la vigne endommagée par le phylloxéra en 1876. Et encore aujourd'hui il s'agit de la protéger de toutes les maladies transportées par les insectes ou par les champignons (oïdium, mildiou...), de la mer ou des conditions climatiques dans ce magnifique coin de terre régulièrement balayé par les vents.

D'ailleurs, pour se défendre du vent et du sable, des roseaux sont plantés autour des vignes, et entre les rangs de l'orge est planté afin de stabiliser le terrain. Mais les scientifiques ne peuvent se prémunir des attaques de lapins comme en 2009.

Dès qu'une espèce semble en danger, des boutures sont cultivées dans une serre afin d'être replantées plus tard. Mais dans ce lieu protégé, il y a aussi des plants rares ou des variétés difficiles à conserver à l'extérieur. "L'idée est de garder ce qui n'existe plus", rappelle Thierry Lacombe, responsable scientifique.
Ce domaine a également une vocation d'étude. Au fil des ans s'est constituée une extraordinaire bibliothèque de caractérisation des vignes, avec photos.

Déménagement contesté

Tout est consigné, précis: feuilles, pépins, sarments, bourgeonnements, floraison, maturité de la baie... "Les études se font sur plusieurs années", souligne M. Genna.
Un herbier a également été constitué.

Depuis la création du site, les scientifiques ont réalisé quelque 4.000 croisements et créé 26 variétés de vignes, une 27e étant actuellement en cours d'inscription.
Ils ont aussi répertorié de nouveaux cépages, comme le marselan et le caladoc qui ont ensuite connu un vrai succès commercial. Ils vinifient mais à titre expérimental, s'attachant à la couleur, aux tanins des vins...
Mais aujourd'hui ce conservatoire ampélographique de l'INRA est menacé. Son déménagement envisagé sur le site de l'INRA de Pech Rouge à Gruissan dans l'Aude entraîne des contestations avec pétition et page Facebook. La décision devrait intervenir dans les prochaines semaines.

En cause, l'annonce par le groupe Listel, le plus grand vignoble privé d'Europe et propriétaire du domaine, de multiplier par dix le prix du loyer, selon une source à l'INRA.

"Ca fait 20 ans que le loyer n'avait pas bougé", s'est justifié à l'AFP le président de Listel Yves Barsalou. Quoi qu'il en soit, cette inflation n'est pas la seule raison de ce déménagement.

L'idée était déjà dans les esprits en raison du danger de la montée des eaux et de la menace du sel, et motivée aussi par le regroupement des chercheurs.
"On veut pérenniser le site", affirme M. Lacombe alors que M. Genna prépare déjà les boutures pour l'éventuel déménagement, qui ne se fera pas du jour au lendemain.

"Cela prendra plusieurs années. Car si on doit fermer Vassal, on ne le fera que lorsque tous les plants auront repris", a assuré le directeur du site.
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