Une opération consistant à recréer un herbier en Méditerranée et contribuer ainsi à rééquilibrer les fonds marins a été entreprise, vendredi, au large de La-Grande-Motte, dans l'Hérault. L'implantation commence avec deux mètres carrés de posidonies, prélevées en Provence et en Corse.
Les posidonies, cultivées dans l'Hérault, jusqu'à atteindre un minimum de 15 centimètres, ont été plantées par des plongeurs à des profondeurs de 6 à 8 m entre 2 à 3 milles nautiques (3,7 km à 5,6 km) des côtes.
A terme, une dizaine de mètres carrés devrait être implantée dans le cadre de cette expérience entrant dans le projet "Graines de mer" porté depuis 2011 par l'Agence de l'eau, le Pôle Mer et la ville de La Grande-Motte.
"C'est un défi audacieux. Il s'agit d'une première expérience afin de voir comment la posidonie s'adapte sur un terrain où il n'y a pas beaucoup de plantes, voire que du sable", a expliqué le responsable du projet et patron de l'entreprise SM Solutions Marines, Sven Lourié, estimant qu'il "faudra un an pour voir si ça prend ou pas".
Les herbiers de posidonies sont considérés comme des poumons naturels car ils produisent de l'oxygène en quantité.
À surface égale, la posidonie absorbe trois fois plus de CO2 que n'importe quelle forêt. Les arbres stockent le carbone dans le bois pour une durée limitée de 60 ans, tandis que la posidonie conduit 90% du carbone qu'elle absorbe dans le sol où il reste prisonnier plusieurs milliers d'années.
Victimes de pollutions, des espèces invasives et des arrachages mécaniques (ancres), ces précieux herbiers ont régressé, selon les spécialistes. Ainsi, pour l'ensemble de la Ligurie (Italie), l'herbier a perdu entre 10 et 30% de sa surface par rapport au début du XXe siècle, alors que dans la région d'Alicante (Espagne), 52% de la surface d'herbier a été détruite, selon la même source. A Marseille, près de 90% de l'herbier cartographié à la fin du XIXe siècle (1883) a aujourd'hui disparu.
L'idée de ce test est d'essayer de restaurer les herbiers en Méditerranée et de valider des protocoles et évaluer les coûts, souligne M. Lourié. "On essaye avec une petite surface pour voir si ça fonctionne", a-t-il fait valoir.