Quand des femmes sont tuées par leur compagnon, mari ou "ex", l'entourage regrette souvent de n'avoir pas vu, entendu ou su être présent. Alors comment les aider ? Nous avons sollicité l'association toulousaine spécialisée Olympe de Gouges.
Le regard des autres sur les femmes victimes de violences peut contribuer, même un tant soit peu, à changer leur regard sur elles-mêmes, ou en tous cas à ne pas les accabler. L'association spécialisée Olympe de Gouges accueille et héberge des femmes victimes de violence à Toulouse. Grâce à la contribution de sa directrice, Emmanuelle Vrignault et aux écrits de Marie-France Hirigoyen, nous proposons 7 clés pour les aider.
1. Les croire et ne pas minimiser les risques qu’elles encourent
"Les femmes victimes de violences ont le sentiment que personne ne les croira car le visage de l’agresseur qu’elles connaissent n’est pas celui qu’il donne à voir à l’extérieur. Elles ont besoin d’être rassurées pour se sentir en confiance, explique Emmanuelle Vrignault. La reconnaissance par une tierce personne est essentielle, ce qu’elles nous disent doit être pris au sérieux. On ne peut tout simplement pas douter lorsqu’elles nous rapportent leur récit. On doit prendre au sérieux leur crainte de mourir".
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et les commentaires après les féminicides aussi : "jamais on n’aurait pensé…". Elles, en revanche, savaient ce qu’elles risquaient, notamment en partant. Beaucoup de femmes sont tuées parce qu’elles ont voulu quitter un conjoint violent.2. Ne pas les juger
Ces femmes sont des victimes. Pour qu’elles parlent, il faut qu’elles se sentent en confiance et bénéficient d’une écoute bienveillante. Cela veut dire avoir l’esprit clair : "aucune excuse ne peut être trouvée à un acte de violence » affirme Emmanuelle Vrignault."La victime est une personne qui subit un préjudice physique, matériel ou moral. Ces faits engagent la responsabilité pénale de leur auteur. La reconnaissance de cet état de victime est primordiale dans la reconstruction d’une personne".
3. Leur laisser le temps, maintenir le lien
Ces femmes endurent pendant des mois, des années, parfois des dizaines d’années des insultes, des menaces, des humiliations, des coups. Elles sont atteintes dans leur intégrité par ces violences. Et l’emprise de leur agresseur sur leur psychisme ne peut pas se dissiper d’un instant à l’autre. Elles ont besoin de temps pour se reconstruire. "Elles doivent pouvoir compter sur le soutien durable des personnes qui les écoutent et les croient, insiste Emmanuelle Vrignault. La notion de temporalité est essentielle à prendre en compte. Le temps est une condition essentielle dans leur reconstruction".4. Les aider à regagner l’estime d’elles-mêmes
"Les violences psychologiques, c’est une mise à sac de la confiance en soi et de l’estime de soi, constate Emmanuelle Vrignault. La violence induit la perte de l’identité de la victime, la perte de sa dignité. Elle finit par croire que ce qu’elle vit est normal, que c’est elle le problème, qu’elle n’a que ce qu’elle mérite".Les violences psychologiques fracturent ce qui constitue l’individu, au plus profond de lui-même. Ces femmes ont besoin de reprendre conscience d’elles-mêmes, de leurs qualités, de leur droit à être respectées et à vivre une vie digne.