En raison d'une erreur de degré d'alcool lors de l'envoi d'une cuve à la distillation de crise, les viticulteurs de la cave de Saint-Gély, dans le Gard, ne pourront pas bénéficier de l'aide financière accordée par les services de l'État. Face à cette situation, les viticulteurs interpellent les responsables politiques.
Un véritable gâchis pour les viticulteurs de la cave de Saint-Gély, dans le Gard, qui ont l’impression de perdre leur vin tout en voyant s’envoler l’aide financière tant espérée en cette période de crise viticole.
Chaque année, les 50 coopérateurs vinifient 14 000 hectolitres de vin. Confrontés à des difficultés de vente, ils ont décidé en 2023 de confier leur vin à la distillation de crise pour pouvoir bénéficier d'une aide financière de l'État. Au total, trois cuves ont été envoyées durant l’été 2023.
0,33 degré d'alcool en trop
En novembre 2023, l'une de leurs cuves de 280 hectolitres de vin a été contrôlée par FranceAgriMer, un organisme d'État. Le taux d'alcool mesuré était trop élevé par rapport aux documents fournis. Le vin affichait 12,83 %, alors que la tolérance d'erreur ne doit pas dépasser 0,5 %. Ainsi, l’aide financière ne peut être accordée, pour seulement 0,33 degré d'alcool en trop.
Si le vin est non conforme, pourquoi ne nous a-t-il pas été renvoyé ? Au contraire, il a été distillé ! Cet écart, c’est l’écart de la honte !"
Cyril CaffarelVice-président de la cave de Saint-Gely
Le montant de l’aide financière attendu par les vignerons, soit 18 200 euros, ne leur sera pas versé. Malgré une contre-expertise, FranceAgriMer, qui dépend du ministère de l'Agriculture, maintient son verdict. Cette aide financière manquante inquiète pour l'avenir. Les chiffres d’affaires des viticulteurs ont reculé ces dernières années.
Cette distillation de crise, exceptionnelle, permet de renflouer les caisses des viticulteurs en grande difficulté. Elle permet aux viticulteurs de percevoir une aide entre 65 et 75 euros par hectolitre, en fonction de l'appellation.
Ce qu’on n’a pas distillé, on a du mal à le vendre. Cette aide est importante pour tous les viticulteurs.
Gilles DelalieuPrésident de la cave coopérative de Saint-Gely
Dans la commune de Cornillon, 50 familles vivent de la viticulture. "C'est une activité économique prédominante, et pour les viticulteurs, l'aide est cruciale pour leur survie économique. Ils vont perdre de l'argent", s’inquiète le maire de la commune, Gilles Delalieu.
Pour interpeller les politiques, les viticulteurs de la cave ont envoyé un courrier intitulé "Quand l’État français tue une cave coopérative gardoise". La cave demande un recours gracieux.
La cave de Saint-Gély, dans le Gard, fêtera son centenaire en 2025.
Écrit avec Laurent Baumel.