Samedi et dimanche, l’entrée au Mas des tourelles à Beaucaire (Gard) sera exceptionnellement gratuite pour les visiteurs des Journées Européennes de l’Archéologie. Le domaine fait régulièrement l’objet de fouilles. Celles-ci ont permis de confirmer l'identité de l’antique propriétaire de cette remarquable villa de l’époque gallo-romaine.
Du 16 au 18 juin, de nombreux sites d'Occitanie vous invitent à découvrir ou redécouvrir la Préhistoire et l'Histoire de notre région. A Beaucaire dans le Gard, le Mas des Tourelles sera l'un des sites phares de ces Journées Européennes de l'Archéologie. Le domaine, où une cinquième campagne de fouilles est en cours, sera accessible gratuitement. On vous y emmène en avant-première.
Sur la partie agricole et artisanale de l'antique villa romaine actuellement fouillée, le quatrième four datant de la fin du 1er siècle après JC attire l’attention. Des restes d’amphores ont été retrouvés à proximité. Elles mesuraient 60 centimètres de haut et étaient destinées au commerce avec les comptoirs lointains. On distingue encore leur marque de fabrique, comme l’explique Fabrice Bigot, responsable d'opération de la société "Mosaïques Archéologie".
La première génération produite dans le four qu’on est en train de dégager portait juste les initiales du fondateur de l’atelier. Mais on connait son nom, car son descendant a développé le timbre : on distingue donc son prénom : Titus, son nom de famille : "Tav" pour Tavilius et son surnom : "Matr" pour Maturus.
Fabrice Bigot, responsable d'opération de la société "Mosaïques Archéologie"
Amphores, lampes à huile et peignes à cheveux
Ces indices sont précieux pour comprendre l’évolution de la production des amphores dans l’ancienne province de la Narbonnaise, poursuite Fabrice Bigot, chercheur associé au laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes de Montpellier : "on veut savoir combien d’amphores on produisait au 1er siècle pour comprendre comment évoluait alors la viticulture commerciale romaine dans la région. Grâce à ça, on réussira à étudier le commerce du vin de la région à l’échelle de l’empire romain".
Un peu plus loin, dans le périmètre d’habitat des artisans et de la main d’œuvre, des thermes et plus récemment un aqueduc ont été mis au jour, tout comme des centaines de tessons et des objets de la vie quotidienne. On retrouve à la fois de la vaisselle de table, des ustensiles de cuisine, d’autres vestiges tels qu’une lampe à huile qui servait à s’éclairer et plus rarement de petits instruments de tous les jours, à l’image d’une épingle à cheveux cassée et jetée.
Tonneaux en céramique
Sur une autre zone de fouilles, les archéologues et étudiants bénévoles ont découvert une série de trous bien alignés. Quentin Desbonnets, archéologue co-responsable des fouilles, précise :
Nous avons une série de fosses circulaires qui suivent un même alignement et qui correspondent à la récupération de grands tonneaux en céramique appelés "dolia". Ils contenaient 15 hectolitres de vin en moyenne.
Quentin Desbonnets, archéologue co-responsable des fouilles
Une ferme romaine modèle
A la fois officine amphorique, domaine viticole, arboricole et céréalier, la villa romaine du Mas des Tourelles faisait déjà figure de ferme modèle au temps des Romains. Ses propriétaires actuels perpétuent cette mémoire et transmettent ce patrimoine : en lien avec des archéologues, ils ont reconstitué un vignoble et une cave antiques où ils appliquent des recettes de vinification consignées dans écrits d'auteurs latins.
Ils organisent régulièrement des vendanges "à la Romaine", au cours desquelles le raisin est foulé au pied.
Ecrit avec Alexandre Rozga et Federico Nicotra.