Maltraitance à l'abattoir du Vigan : procès emblématique à Alès jeudi et vendredi

3 employés de l'abattoir certifié bio du Vigan, dans le Gard, comparaissent à Alès jeudi et vendredi pour maltraitance à animaux. Un procès emblématique suite à la diffusion, en février 2016, d'une vidéo de l'association de défense des animaux L214.

Les images tournées en caméra cachée au Vigan montraient, pendant 4 minutes 30, des animaux mal étourdis, égorgés ou recevant des coups répétés à la matraque électrique dans l'abattoir intercommunal du Vigan. Elles avaient  immédiatement suscité une vague de réprobation, 4 mois à peine après une affaire similaire, déjà révélée par L214, dans un abattoir municipal d'Alès.

3 employés de l'abattoir et la communauté de communes du Pays viganais devant la justice

L'un des employés du Vigan sera jugé devant le tribunal correctionnel d'Alès pour avoir exercé des "sévices graves et actes de cruauté envers un animal tenu en captivité" et est passible de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende. Il lui est notamment reproché d'avoir utilisé sans nécessité à plusieurs reprises une pince à électronarcose sur le museau de brebis et d'avoir violemment jeté des moutons par dessus une barrière.

Les deux autres salariés seront jugés pour avoir "exercé volontairement des mauvais traitements" sur des animaux captifs: coups de pied à des bovins ou coups d'aiguillon électrique à la tête d'un porc notamment.

Jugée en tant que "personne morale", la communauté de communes du Pays viganais, responsable de l'abattoir au moment des faits, devra elle répondre de plusieurs infractions à la règlementation sur l'abattage des animaux.  
Après la publication de la vidéo tournée dans l'abattoir du Vigan, le président de la communauté de communes Roland Canayer avait annoncé la fermeture de l'établissement "à titre conservatoire", la suspension de son personnel "jusqu'à nouvel ordre" et l'ouverture d'une procédure disciplinaire.
3 employés de l'abattoir certifié bio du Vigan, dans le Gard, comparaissent à Alès jeudi et vendredi pour maltraitance à animaux. Un procès emblématique suite à la diffusion, en février 2016, d'une vidéo de l'association de défense des animaux L214. ©F3 LR


L'abattoir, situé dans une zone artisanale à l'entrée de la petite commune cévenole de quelque 4.000 habitants, avait rouvert partiellement un mois après le scandale.
L'établissement traite environ 300 tonnes de viande par an, provenant d'animaux d'une petite centaine d'éleveurs issus essentiellement des Causses et des Cévennes et qui travaillent en circuit court.

Premier procès de ce type en France

Avant le procès d'Alès, qui devrait susciter une forte mobilisation des associations de défense des animaux, L214l'Alliance Anticorrida et l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), parties civiles, ont dit douter de "l'exemplarité" des peines encourues.
"À l'exception du délit de sévices graves, les autres infractions relèvent des contraventions de 4e classe, punies d'une amende de 750 EUR au maximum, alors que certains bovins, ovins ou porcins sont abattus après plusieurs minutes d'agonie, quand d'autres sont suspendus, en pleine conscience, pour être saignés à vif", ont déploré les deux associations.

D'ici fin avril, la communauté de communes du pays Viganais doit céder l'établissement à un collectif d'éleveurs locaux, pour lesquels la poursuite de cette activité est vitale.

L'association L214, partie civile avec 2 autres associations de défense des animaux

A l'origine de ce procès et partie civile au côté d'autres défenseurs de la cause animale, l'association L214 a été créée en 2008 par un couple d'enseignants "végans", Brigitte Gothière et Sébastien Arsac. Elle milite contre le gavage de canards, les élevages industriels, les souffrances infligées aux animaux et contre toute consommation de produits issus des animaux.
L'action de l'association, dont le nom fait référence à l'article du code rural qui, depuis 1976, désigne les animaux comme des "êtres sensibles", a connu un écho particulier depuis fin 2015 et la diffusion au fil des mois de plusieurs vidéos tournées en caméras cachées dans des abattoirs ou des élevages. Selon Mme Gothière, le procès d'Alès sera toutefois le premier de ce type en France.


A la faveur notamment de la publication des vidéos de L214, la dénonciation régulière des conditions de mise à mort dans les abattoirs a aussi débouché sur une commission d'enquête parlementaire qui a préconisé 65 mesures, parmi lesquelles le renforcement de la vidéosurveillance, de l'intervention de vétérinaires et de la formation des employés.

L'Assemblée nationale a voté de façon inattendue, en janvier 2017, l'obligation d'installer des caméras de surveillance dans les abattoirs à partir de 2018.


Revoir tous nos articles sur l'abattoir du Vigan.
Revoir tous nos articles sur l'abattoir d'Alès.
Alès, Le Vigan et Pézenas... en quelques dates
Octobre 2015 : Alès
L’association L214 de défense des animaux s'est introduite pendant plusieurs semaines en caméra cachée dans l'abattoir d'Alès, dans le Gard. Elle met en ligne des vidéos chocs. on y tue chaque année 40.000 moutons, 20.000 cochons, 6.000 bovins et 3.000 chevaux. L'abattoir d'Alès, dans le Gard, aura fermé ses portes pendant exactement deux mois.

Janvier 2016 : Le Vigan
Animaux mal étourdis, moutons lancés violemment contre les barrière, coups répétés à la matraque électrique. L'association L214 publie sur son site une vidéo d'environ 4 minutes 30 secondes filmée, selon elle, à l'abattoir du Vigan. Elle demande une nouvelle fois une commission d'enquête parlementaire sur les méthodes d'abattage dans les abattoirs français. "Stéphane Le Foll condamne avec la plus grande fermeté ces pratiques intolérables et a immédiatement diligenté une enquête de la Brigade nationale d'enquête vétérinaire et phytosanitaire", annonce par ailleurs le ministre dans un communiqué distinct. ordonne aux préfets de procéder d'ici un mois à des "inspections spécifiques sur la protection animale dans l'ensemble des abattoirs" du pays.

Juin 2016 : Pézenas
L'association L214 dénonce une nouvelle fois des actes de maltraitance animale dans les abattoirs. Après Alès et le Vigan, l'abattoir de Pézenas dans l'Hérault a été filmé par les militants. Nouvelles scènes insoutenables de mises à mort de chevaux et de moutons. Les images montrent à Pézenas des chevaux "parfois tirés au treuil jusque dans le box d'abattage".

Juillet 2016 : des rapports et des synthèses d'inspection
Quelques mois après les différents "scandales" qui ont frappé les abattoirs de l'Hérault et du Gard, le gouvernement veut montrer que le dossier avance. Les rapports et synthèses d'inspection sont donc désormais en ligne et accessibles sur les sites des préfectures.

Septembre 2016 : propositions de la commission d'enquête
Parmi les pistes esquissées pendant les trois mois d'audition : l'amélioration de la formation des personnels et des contrôles vétérinaires, mais aussi la question de la mise en place d'une vidéosurveillance. Des contrôles menés par l'administration, après ces vidéos choc, ont montré des manquements graves sur 5% des lignes d'abattage de 259 abattoirs français inspectés (sur 263).

Janvier 2017 : l'Assemblée nationale vote l'obligation de caméras dans les abattoirs à partir de 2018
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