C'est l'un des derniers trains de déportés en direction de Dachau, pendant la Seconde guerre mondiale. L'été 1944, des résistants font exploser les rails. Les nazis obligent alors les 700 déportés à marcher entre Roquemaure et Sorgues. Des lycéens et collégiens refont aujourd'hui ce trajet, pour que la mémoire perdure.
"Je m'identifie. J’ai une personne de ma famille qui était résistante et qui a fait ce chemin-là." Jade fait partie des 700 collégiens et lycéens qui participent à la marche mémorielle du train fantôme. 17 kilomètres entre Roquemaure, dans le Gard et Sorgues dans le Vaucluse. Ce tronçon, 700 déportés l'ont aussi fait à pied il y a 80 ans.
L'un des derniers trains de déportés
Le Train fantôme, comme il a été dénommé par la suite, est parti de Toulouse à l'été 1944. Il est allé jusqu'à Angoulême, en passant par Bordeaux. Puis est revenu vers Nîmes avant de remonter la vallée du Rhône avant de finir au camp de concentration de Dachau. À son bord ? Des résistants, des homosexuels, des Juifs... Tous désignés par Vichy comme ennemis de la France sous Pétain.
Plus d'un mois après son départ de Toulouse, le train passe par le Gard. À Roquemaure, un évènement perturbe ce trajet de l'horreur.
Des Résistants ont fait exploser les rails du train à Roquemaure. Les nazis ont donc fait descendre les déportés du train et les ont fait marcher jusqu'à Sorgues. Nous, on refait cette marche, mais pas dans les mêmes conditions bien sûr. Eux, l’ont fait en plein été, sans nourriture, sans eau.
Charlotte, lycéenne
La mémoire, de génération en génération
De nombreuses personnes se sont évadées pendant le trajet du Train fantôme. Plus de 700 au départ, les déportés étaient moins de 550 à l'arrivée à Dachau. Le tout premier évadé s'appelait Ange Alvarez. Son fils, qui porte le même prénom, connaît bien l'histoire de ce résistant espagnol. "Le train de déportation partait de Toulouse le 3 juillet 1944. Mon père s’en est évadé le 5 juillet, à côté de Marmande. Il est passé par le fenestron en arrachant les barbelés et en plongeant la tête la première. Ils se sont évadés à trois. Mais le train s’est arrêté. Les gardes ont tiré alors mon père a traversé la Garonne et a été recueilli à Sainte-Bazeille par un couple d’agriculteurs. Dispersés par les coups de feu, les trois évadés ne se sont retrouvés qu’après la guerre."
Ces histoires, ces témoignages sont des clefs pour appréhender le monde d'aujourd'hui et de demain.
A leur tour, les collégiens et lycéens font vivre la mémoire de ces déportés à travers ce projet commémoratif.
Ces jeunes seront nos passeurs de mémoire. Les rendre acteurs, comme aujourd’hui, c’est ça le devoir qui est le mien. Leur faire vivre des moments qui ont été difficiles, sombres. Leur faire regarder l’histoire en face.
Patricia Mirallès, secrétaire d'État aux Armées et à la Mémoire
L'histoire du Train fantôme, c'est la petite histoire dans la grande. Cette marche de 17 kilomètres permet aux adolescents d'oublier ni l'une, ni l'autre.
Écrit avec Eric Mangani.