D'abord incarcéré, le professeur Jean-Bernard Fourtillan a été admis jeudi à l'hôpital psychiatrique d'Uzès. Ses défenseurs réclament sa "libération" et assurent que le militant anti-vaccin a été interné contre son gré. Des propos que réfute le procureur de la République de Nîmes, Éric Maurel.
Le professeur Jean-Bernard Fourtillan est interné depuis jeudi au Mas Careiron, un hôpital psychiatrique situé à Uzès dans le Gard. Le septuagénaire, qui faisait l'objet d'un mandat d'amener d'un juge d'instruction, a été arrêté le 7 décembre dernier et d'abord placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Nîmes.
L'homme est impliqué dans l'affaire dite des "essais cliniques de l'Abbaye Sainte-Croix", à Saint-Benoît près de Poitiers : en septembre 2019, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a révélé que 350 personnes avaient fait l'objet de tests cliniques illégaux au sein d'une communauté religieuse.
La structure "Fonds Josefa", créée par Jean-Bernard Fourtillan avec le professeur Henri Joyeux, aurait recueilli plusieurs millions d'euros pour expérimenter ces nouvelles techniques et notamment des patches contre les maladies d'Alzheimer et de Parkinson. Depuis, ils faisaient tous deux l'objet de poursuites de l'Ordre des médecins pour "charlatanisme".
Lors de son séjour à la prison de Nîmes, le professeur Fourtillan a été soumis à un examen médical : selon les médecins, son état de santé justifiait une prise en charge en hôpital psychiatrique. Le préfet du Gard Didier Lauga a approuvé cette décision et demandé par arrêté préfectoral le placement du septuagénaire. Ce dernier n'est donc "plus incarcéré et relève uniquement d'une prise en charge médicale", explique Éric Maurel, procureur de la République de Nîmes.
Les défenseurs de Jean-Bernard Fourtillan réclament sa "libération"
Depuis plusieurs jours, les messages de soutien à Jean-Bernard Fourtillan se multiplient sur les réseaux sociaux et notamment sur la plateforme Youtube. Dans une vidéo publiée sur sa chaîne "Vivre sur le Fil" jeudi, un homme prénommé Vincent, qui prétend être en contact avec la famille, assure que le professeur a été "interné contre son gré".
"L'idée de cette nouvelle vidéo, c'est de signifier au personnel et à la direction de l'hôpital que nous sommes parfaitement au courant de la présence du professeur au sein des murs de l'hôpital, et qu'il est bien évidemment hors de question qu'il y demeure plus longtemps et qu'il reçoive des traitements médicaux sans son consentement", avance l'internaute.
Cette vidéo, vue plus de 200 000 fois en l'espace de deux jours, a été très relayée... au grand dam de l'hôpital psychiatrique d'Uzès. Contacté par France 3, le Mas Careiron assure qu'il croule sous les appels depuis 48 heures : les standardistes expliquent que les lignes sont saturées et qu'elles reçoivent régulièrement des insultes. Un homme aurait même menacé de poser une bombe devant le centre hospitalier, relatent-elles.
Dans une nouvelle vidéo publiée vendredi, le dénommé Vincent fait machine arrière : il demande aux internautes de ne plus appeler le numéro de l'hôpital pour, selon lui, éviter de desservir les intérêts du professeur. "Cela pourrait être un prétexte utilisé par les gens qui ont initié son internement pour le passer dans des conditions de détention encore plus strictes", suppose-t-il.
Le procureur de la République de Nîmes assure de son côté que Jean-Bernard Fourtillan est "informé de ses droits" et "peut exercer un recours contre la décision administrative devant le juge des libertés et de la détention", une possibilité qu'il n'a pas saisie à cette heure selon le quotidien Midi Libre.
Sauf levée de la mesure d'hospitalisation pour raison médicale ou administrative d'ici la semaine prochaine, "il sera reçu en audience par un juge avec obligatoirement l'assistance d'un avocat", ajoute le magistrat.
Un appel à la manifestation a été lancé sur les réseaux sociaux. Ce samedi en début d'après-midi, une soixantaine de défenseurs du professeur Fourtillan se sont réunis devant l'hôpital psychiatrique d'Uzès, rapporte Objectif Gard.
Interrogé dans le documentaire polémique "Hold-Up"
Le professeur Fourtillan n'est pas un inconnu du grand public. Il y a quelques semaines, il faisait une apparition remarquée dans le documentaire décrié "Hold-Up - Retour sur un chaos", publié en ligne. Très commenté, ce film de 2h40 vise à décrédibiliser la gestion mondiale de la crise sanitaire, liée à l'épidémie de Covid-19, et à mettre le doigt sur les prétendus "mensonges" proférés par les autorités.
Pendant quelques minutes, le septuagénaire apparaît devant la caméra et expose son hypothèse : pour lui, le virus a été fabriqué de toute pièce par l'Institut Pasteur. Régulièrement incriminée depuis le début de l'épidémie, la fondation privée a annoncé il y a quelques semaines qu'elle souhaitait porter plainte contre le réalisateur du documentaire.