Le village de Moussac au nord de Nîmes dans le Gard présente un taux très élevé d'acide trifluoroacétique (TFA) dans son eau, selon une enquête des associations UFC-Que choisir et Générations futures. Ce polluant éternel peut causer des problèmes graves sur la santé des personnes y étant exposées.
Élu village le plus moche de France en 2022, Moussac pourrait détenir un autre prix national bien peu prestigieux. Selon une enquête visant l'eau de 30 communes françaises, révélée ce jeudi 23 janvier 2025 par les associations UFC-Que choisir et Generations Futures, la cité gardoise est celle qui présente la plus forte concentration d'acide trifluoroacétique (TFA) dans son eau. Les relevés font état de 13 000 nanogrammes de TFA par litres d'eau. Pratiquement le double que Paris (6200ng/l).
Un taux "record" qui s'explique par la proximité de l'usine de Salindres, qui fabriquait jusqu'en septembre dernier, du TFA. "C'est un cas particulier, assure François Veillerette de Générations futures. Ailleurs en France, le TFA vient principalement de la dégradation de pesticides utilisés dans les champs alentour de gaz fluorés notamment".
Une concentration plus forte qu'à Paris
Quasi indestructibles, ces "polluants éternels" dont fait partie le TFA au même titre que les PFAS ou les PFOA, regroupent plus de 4 700 molécules et s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, les rivières, jusque dans le corps humain.
En cas d'exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, d'après de premières études. S'il n'est pas, comme le souligne l'enquête, "aussi dangereux que les PFOA ou PFOS", interdits en Europe depuis plusieurs années, des zones d'ombre subsistent sur la toxicité du TFA et il est "quasi indestructible dans l'environnement", souligne l'étude.
Beaucoup d'incertitudes sur les effets secondaires
"Cela n'a pas été un sujet pendant des années, regrette Pauline Cervan de l'association Générations futures, cosignataire de cette enquête avec l'association de consommateurs UFC Que-choisir. La question sur la toxicité hépatique se pose. Pour l'heure, il n'y a pas encore d'études et beaucoup d'incertitudes".
Les associations demandent donc aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour lutter contre ces "polluants éternels". Fin février prochain, un texte de loi présenté par le député écologiste Nicolas Thierry doit être examiné en seconde lecture par l'Assemblée nationale, après une présentation peu avant la dissolution de juin dernier. Il prévoit de mieux surveiller les PFAS dans l'environnement, de surveiller et limiter les rejets dans l'environnement. "Une première série de mesure très intéressante", juge François Veillerette.