Les députés ont rejeté une première fois la proposition de loi du LFI Aymeric Caron pour interdire la corrida. Les élus de la commission des Lois ont soutenu mercredi 16 novembre 2022 des amendements RN et LR pour supprimer le seul article du texte. Un texte qui sera néanmoins examiné en séance le 24 novembre.
Ce vote n'empêche pas son examen dans l'hémicycle le 24 novembre prochain. Mais les députés ont bel et bien rejeté une première fois ce mercredi en commission la proposition d'interdiction de la corrida de l'Insoumis Aymeric Caron.
Les élus de la commission des Lois ont en effet soutenu des amendements RN (déposé par Yoann Gillet, député du Gard) et LR pour supprimer le seul article du texte. Sous les protestations, Aymeric Caron a aussitôt dénoncé la "grosse pression des lobbies".
"Manœuvres électoralistes"
Dès l'ouverture des débats l'ancien journaliste a fustigé la "barbarie" de la corrida, une "cérémonie hypocrite, où l'animal prétendument honoré est massacré avec une précision et un raffinement qui confinent au sadisme". Le député parisien a minutieusement décrit "l'exécution" du taureau et reproché aux élus pro-corrida des "manoeuvres électoralistes" pour "ne pas froisser certains électeurs de régions taurines".
En fait, sa proposition embarrasse tous les groupes politiques qui n'ont pas donné de consigne de vote. A gauche, le PS est "partagé", quand LFI et EELV soutiennent clairement l'interdiction. Au nom de la défense d'une "tradition culturelle" dans le Sud-Ouest et le pourtour méditerranéen, le gouvernement, lui a annoncé mardi 15 novembre qu'il comptait s'y opposer.
A droite, la LR Anne-Laure Blin a reproché au député LFI de chercher le "sensationnel". Elle a défendu une "culture populaire", un "art et une identité régionale", soulignant les "milliers de terres sanctuarisées" grâce à "l'élevage des taureaux sauvages".
A l'extrême droite, le RN Timothée Houssin a reconnu lui aussi les divergences dans son groupe. Mais il a accusé Aymeric Caron "d'extrémisme" par son "agenda antispéciste" qui pousserait à "interdire" demain "foie gras", "balade en poney", "chasse" puis "pêche tout court".
La majorité divisée
Au nom de la défense d'une "tradition culturelle" dans le Sud-Ouest et le pourtour méditerranéen, le gouvernement, lui, a annoncé mardi 15 novembre qu'il comptait s'y opposer. Mais la majorité est divisée. En juillet 2021, quand elle n'était pas encore présidente des députés Renaissance, Aurore Bergé avait signé une tribune pour interdire la corrida, jugée "barbare". Mais en commission, la députée Marie Lebec s'est opposée à la "radicalité" de la proposition d'Aymeric Caron. "Quelle sera la prochaine tradition régionale que nous interdirons ?"
C'est Dominique Faure, la secrétaire d'Etat chargée de la Ruralité, qui est annoncée au banc des ministres le 24 novembre, plutôt que le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, passionné de corrida. Devant le groupe Renaissance mardi matin, elle a appelé à ne pas "tomber dans le radicalisme du député" Caron, selon une source parlementaire. "Il ne faut pas opposer émotion et attachement au terroir".
Examen incertain
Au-delà de ces passes d'armes, l'examen complet du texte et ses amendements demeure incertain. Il figure en effet en quatrième position dans la "niche parlementaire" LFI, cette journée réservée à un groupe minoritaire. Les Insoumis défendront d'abord des propositions comme le Smic à 1.600 euros ou l'inscription de l'IVG dans la Constitution, La clôture des débats est prévue à minuit.
"Il faut quand même qu'il y ait du social d'abord dans notre niche !", assume un élu LFI, sceptique sur l'interdiction de la corrida. "Il ne faut pas prendre à rebrousse-poil les gens qui tiennent à ça", prévient encore cet insoumis, même s'il votera le texte.
Manifestations des pro et anti
Le débat suscite aussi les passions dans la rue. Des mobilisations sont prévues dès ce week-end. Des élus de tous bords et aficionados vont défendre la corrida dans plusieurs villes taurines samedi 19 novembre 2022, notamment à Béziers, Perpignan, Nîmes ou encore Montpellier
Des associations de protection des animaux promettent à l'inverse des rassemblements contre cette pratique samedi et dimanche, dont "une action à fort impact visuel" à Paris. "En dehors de toute considération politique", assure-t-elle, Brigitte Bardot a apporté son soutien à Aymeric Caron, avec sa fondation pour la cause animale. Favorable à l'interdiction, la SPA a lancé de son côté une grande campagne de sensibilisation en détournant les affiches traditionnelles
Avec AFP