"Il ne connaît rien à la corrida, il veut juste faire le buzz" : le député RN Yoann Gillet dépose un amendement contre la proposition de loi d'Aymeric Caron

Le député Rassemblement national de la 1ère circonscription du Gard a déposé un amendement en commission pour supprimer l’article unique de la proposition de loi du député Insoumis Aymeric Caron qui veut "abolir" la corrida. Le texte doit être examiné le 24 novembre 2022 à l'Assemblée nationale.

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"La tauromachie est une tradition ancestrale enracinée dans les régions du sud de la France, documentée depuis 1289, écrit Yoann Gillet dans son argumentaire. Aujourd’hui, elle est un symbole culturel. L’interdire reviendrait à abolir la liberté culturelle et à gommer l’identité des territoires où cette pratique est existante." Avant même le passage en séance de la proposition de loi d'Aymeric Caron pour "abolir" la corrida, le député RN a déposé un amendement qui vise à supprimer l’article unique de la proposition de loi "et donc à supprimer purement et simplement son texte". Cet amendement sera examiné le 16 novembre par la commission des lois dont l'élu gardois fait partie.

Protéger une culture locale

"Il y avait urgence", confie-t-il à France 3 Occitanie. Yoann Gillet espère en fait que le texte sera rejeté avant même d'être débattu en séance et que son rapporteur ne pourra pas le défendre à la tribune. "Il ne faut pas mentir aux gens, c'est un premier pas très dangereux. Ce que ne dit pas Aymeric Caron, c'est qu'il veut s'attaquer à toutes les traditions taurines, les courses camarguaises, les lâchers de taureaux dans les rues ou les toros piscines." 

Le sujet est évidemment sensible. Les points de vue opposés. Yoann Gillet n'esquive pas la critique. Mais il reproche au député LFI de refuser toute discussion sur le fond. "On aime ou on n'aime pas la corrida, moi, je respecte les convictions de chacun. Mais lors des auditions qu'il a organisées à l'Assemblée en tant que rapporteur de la loi, Aymeric Caron n'a entendu que des anti-corrida !"

Aymeric Caron veut uniquement faire le buzz et faire parler de lui. Il était journaliste à la télévision, il doit se faire connaître en tant que député. Il ne connaît rien à la corrida. Il est totalement déconnecté de l'identité du sud de la France. Il ne sait pas ce que représente cette culture taurine dans un département comme le Gard.

Yoann Gillet, député RN du Gard.

Les retombées des ferias

Yoann Gillet met en avant également le poids économique de la corrida, notamment en Occitanie. "L'interdire, c'est mettre en péril l'activité des éleveurs de taureaux. Il y a aussi 56 villes taurines en France qui vivent de ces traditions. Deux fois par an à Nîmes, les ferias attirent des milliers de visiteurs. Il y a des établissements qui réalisent 40% de leur chiffre annuel avec ces deux longs week-ends festifs."

Quant aux accusations de maltraitance ou de cruauté animale, il tient à rappeler que "moins de 1 000 taureaux sont combattus chaque année dans les arènes françaises, quantité dérisoire au regard des 3.000.000 d’animaux destinés quotidiennement à l’abattoir." Selon Yoann Gillet, la disparition de la corrida pourrait même entraîner l'extinction de la race des "toros de combat", ces animaux sauvages destinés uniquement aujourd'hui aux arènes.

Vote le 24 novembre

La proposition de loi du député Aymeric Caron pour interdire la corrida figure au menu de la "niche" parlementaire LFI du jeudi 24 novembre 2022, journée réservée aux Insoumis pour présenter des textes à l'Assemblée. Le parlementaire voudrait modifier le Code pénal qui punit déjà la maltraitance animale, mais dont les dispositions de l'article 521-1 "ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée" ou "aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie".

La corrida est une pratique très enracinée dans le sud de la France, notamment dans des villes comme Nîmes  Si une grande majorité des Français sont pour son interdiction pure et simple, selon un sondage, dans les villes taurines, seuls 32% y sont favorables, selon un sondage Ifop / Sud Radio de février 2022.

Ce débat parlementaire ravive donc bien des tensions autour de la corrida. "Pardonnez-moi, mais je n'arrive pas à avoir honte". a déclaré la torera nîmoise Léa Vicens dans un long texte publié le 4 novembre dernier sur les réseaux sociaux pour défendre son "métier" et son "art". Favorable à cette interdiction, la SPA, de son côté, a lancé une campagne de sensibilisation en détournant les affiches traditionnelles.

Faut-il abolir la corrida ?

A quelques jours de l'examen à l'Assemblée de la proposition de loi Caron, France 3 Occitanie alimente également le débat dans l'émission Dimanche en Politique diffusé le 13 novembre à 11h30. Alexandre Rozga confrontera tous les points de vue avec ses invités : Didier Bonnet, président du CRAC (Comité radicalement contre la corrida Europe), Corentin Carpentier, président de l’Association des Jeunes Aficionados, Claire Starozinski président de l’Alliance contre la corrida et Frédéric Pastor, adjoint à la culture et à la tauromachie de la ville de Nîmes. Avec la participation d'André Viard, fondateur de l'Observatoire national des cultures taurines et représentant de l’Union de villes taurines françaises et de Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard.

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