Couvre-feu généralisé à 18h : dans le Gard, les commerces tentent de s'adapter pour accueillir la clientèle

Le couvre-feu à 18h est étendu à la France entière à partir de samedi, a annoncé le Premier ministre Jean Castex jeudi soir. Dans le Gard, les commerces bousculent leurs habitudes pour s'adapter, mais certains s'inquiètent déjà des conséquences financières de la mesure sur leur chiffre d'affaires.

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Jeudi soir, Jean Castex a annoncé un renforcement du couvre-feu partout en France : à compter de samedi, "tous les lieux, commerces ou services recevant du public [à l'exception des missions de service public] seront fermés à 18h", a précisé le Premier ministre.

Conséquence de cette nouvelle mesure : il faudra désormais s'organiser pour faire ses courses avant le début du couvre-feu. De leur côté, les commerces essaient de s'adapter mais certains redoutent déjà des répercussions financières sur leur chiffre d'affaires. Les supermarchés s'attendent quant à eux à des pics d'affluence à certains moments de la journée.

À Nîmes, les supermarchés anticipent

Pour faire face à l'afflux de clients sur des créneaux plus réduits, les magasins d'alimentation doivent modifier leur organisation. En plein centre-ville de Nîmes, cette supérette Carrefour City a déjà commencé à placarder des affiches, annonçant les nouveaux horaires d'ouverture à partir de samedi. 

Mais il faut aussi réorganiser les plannings des équipes pour répondre aux besoins de la clientèle. Pour se préparer, le gérant du commerce Stéphane Guszkiewicz a donc décidé de mener son enquête auprès de ses habitués.

On a mis en place un petit questionnaire pour demander à nos clients s'ils comptaient modifier leurs heures de passage en magasin. Il y a plusieurs propositions sur la grille : le matin, entre midi et deux, l'après-midi ou alors uniquement le week-end - c'est-à-dire le samedi et éventuellement le dimanche après-midi si l'on décide d'ouvrir. Ils peuvent aussi préciser s'ils auront recours à la commande sur Internet, que l'on ne propose pas, ou bien si le couvre-feu ne change rien pour eux.

 Stéphane Guszkiewicz, gérant d'un magasin Carrefour City à Nîmes

Parmi les réponses recueillies, plusieurs tendances se dégagent : si la majorité des clients assure que la mesure ne modifiera pas leurs habitudes, beaucoup affirment qu'ils viendront désormais faire leurs courses entre midi et deux ou bien le dimanche après-midi, si possible. Des résultats qui n'inquiètent pas Stéphane Guszkiewicz : il prévoit de répartir les horaires vacants de ses salariés sur ces créneaux et donc d'ouvrir les six caisses de son commerce pour "assurer plus de fluidité". 

 En magasin, les clients apprécient l'idée du questionnaire. "J'ai la chance de travailler en temps partiel donc pour moi, le couvre-feu ne va rien changer. Mais c'est très bien et je pense qu'il est important de prendre le pouls dans la population", confie l'un d'entre eux. 

Habituellement, le magasin nîmois reçoit 360 clients entre 18h et 20h tous les jours. Avec le couvre-feu avancé à 18h, son gérant pourrait perdre jusqu'à 23 % de son chiffre d'affaires hebdomadaire, soit plus de 30 000 euros. 

À Rodilhan, l'inquiétude des commerçants

À moins de 10 kilomètres de la capitale départementale, Rodilhan est une "commune dortoir" d'un peu moins de 3 000 habitants : une grande partie de ses administrés travaille à Nîmes. 

La boulangerie L'Instant Gourmand est située à quelques pas de la mairie du village. Sa gérante Sarah Taino craint que ses clients n'aient plus le temps de passer chercher le pain dans son commerce après le travail.

Il faut se mettre à leur place : en sortant du travail à Nîmes, ils ne vont pas revenir au village et courir chercher leur pain parce qu'on ferme à 18h. Ils iront le prendre directement à Nîmes, ce qui est normal.

 Sarah Taino, gérante de la boulangerie L'Instant Gourmand à Rodilhan

Une hypothèse que confirme l'une des clientes du magasin : "C'est sûr que je vais prendre la première boulangerie qui sera à côté de mon boulot car le temps que je rentre chez moi, tout sera fermé. C'est très embêtant pour la boulangerie de Rodilhan, elle risque d'en pâtir." 

Au-delà des conséquences financières possibles, Sarah Taino a peur de perdre le lien avec sa clientèle : "Avec cette période, beaucoup de gens n'ont plus de contact social. Le soir, le rythme est plus cool à la boulangerie et certains clients aiment bien passer pour discuter de tout et de rien."

La commerçante ne sait pas encore précisément comment elle va s'adapter à ce couvre-feu renforcé. Elle envisage de fermer l'après-midi et de concentrer toutes les forces sur la matinée. "Habituellement, nous sommes ouverts 6 jours sur 7, mais je n'exclus pas de passer à 7 jours sur 7 si nous obtenons une dérogation", conclut-elle. 

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