Crash d'un Tracker à Générac : le rapport du BEA pointe des causes liées aux effectifs et à la formation des pilotes

L'accident d'un bombardier d'eau de type Tracker, dont le pilote a été tué en luttant contre un violent incendie en août 2019 à Générac, dans le Gard, est dû à des problèmes d'effectifs et de formation des pilotes affirme un rapport du BEA, Bureau Enquêtes Accidents.
            

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Ce rapport du BEA, daté du 8 juillet, ne relève "aucune défaillance technique" de l'appareil, mais cite en revanche parmi les causes possibles du crash, le manque d'effectifs des pilotes de Tracker de la base de la Sécurité civile de Nîmes-Garons. C'est selon lui, l'une des raisons qui a conduit le pilote à partir seul "privé du contrôle croisé habituel des décisions et actions de pilotage .
 

Fatigue et manque de repos  

Âgé de 49 ans, Franck Chesneau, père de deux enfnats, pilote qui avait 3.300 heures de vol sur avion de chasse à son actif, était "fatigué" après une mission contre les incendies en Corse du 24 au 31 juillet et était "préoccupé" par son avenir professionnel relève le BEA. 

"En conséquence du manque d’effectif, le pilote n’a pas pu bénéficier d’une période de repos en rentrant de son détachement. Le 1er août, il a immédiatement repris l’alerte à 30 minutes à Nîmes, jusqu’à 21h30. Son temps de trajet entre le domicile et le travail est d’environ une heure. Il se couche peu avant minuit. Pour revenir sur la base à 8 heures, le temps de repos effectif du pilote a été d’un peu plus de 6 heures. Le 2 août, le pilote a déjà effectué cinq rotations. L’analyse des vols du pilote sur les mois précédents montre qu’il s’agit d’une journée des plus intenses de l’année. Il n’a pas mangé depuis environ 5 heures." précise le rapport.
 

Manque d'effectif et seul à bord du Tracker 

Il n’avait jamais effectué de mission de lutte contre les feux de forêt sans équipier.

Rapport de la BEA.

Selon ce rapport, Franck Chesneau avait alors "peu d'expérience sur les missions de lutte contre les feux établis" et n'avait "jamais réalisé une mission de cette nature en avion isolé" soulignent les enquêteurs."Il n’avait jamais effectué de mission de lutte contre les feux de forêt sans équipier. (...) Le vol avec un équipier permet le partage de la charge de travail. Une vérification croisée s’instaure pour l’observation de la zone, la détection des obstacles et la gestion de la trajectoire. Ils travaillent en contrôle croisé. En l’absence d’équipier, l’ensemble de ces tâches est supporté par un seul pilote".
 

Des incendies très violents... 320 hectares brûlés à Générac

A 17h18, ce 2 août 2019, le pilote annonce que l'incendie est trop important, qu'il ne peut rien faire et que ça "chaudronne". Il interrompt son message au moment où il rencontre une forte turbulence qui déstabilise l'avion. Il tente alors de rectifier la trajectoire en remettant les ailes à plat et en laissant descendre légèrement le nez de l'avion pour reprendre de la vitesse. Mais il percute alors la cime des arbres au sommet d'une colline qu'il n'a pas perçue et va s'écraser en contre-bas.

Côté défaillance technique : seule panne, celle de la radio du Tracker T.22, signalée dans la journée, et qui avait été réparée avant le dernier décollage de Franck Chesneau, vers 16h45.
 
 

Une canicule et des conditions météo exceptionnelles

Ce 2 août, le risque d'incendie dans le Gard était très sévère alors que ce département et son voisin, l'Hérault, traversaient une canicule historique avec des températures atteignant 46 degrés, rappelle les enquêteurs. "Les incendies qui se développent en période de canicule sont très violents... Les matières qui s'élèvent dans les fumées et les poches de gaz qui se créent entre les panaches de fumée peuvent s'enflammer instantanément" expliquent les enquêteurs du BEA.

Depuis ce drame, en hommage, la place du village de Générac porte le nom de Franck Chesneau.

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