Pour demander la réouverture de la médiathèque de Pissevin à Nîmes, dans le Gard, l'association Stand'hop a souhaité maintenir l'événement culturel prévu pour ce samedi 26 août, alors que deux jeunes sont morts sur fond de guerre de territoire entre trafiquants de drogue dans le quartier cette semaine.
"Beaucoup de parents ne veulent pas que leurs enfants viennent, mais on pense que ça leur changerait les idées." L'événement organisé ce samedi 26 août à 17h devant la médiathèque de Pissevin à Nîmes (Gard) par l'association locale Stand'hop a pris depuis quelques jours une tournure encore plus engagée. Depuis le début de la semaine, deux jeunes ont été tués par balles à quelques centaines de mètres de là, sur fond de trafics de drogue qui gangrènent la vie du quartier.
Après concertation, les organisateurs ont décidé de ne rien lâcher. "Annuler l'événement, ça reviendrait à déplacer le problème et laisser la peur monter en attendant", estime Velou Maoulida, directeur artistique de l'association, qui avait déjà organisé un événement similaire le 10 juin dernier sur une place de marché du quartier, où des artistes de tous horizons étaient venus remettre de la vie face à l'influence des réseaux de trafiquants. "Les habitants de Pissevin sont en deuil, mais il faut qu'on agisse, on veut que les gens se sentent à nouveau chez eux."
Résultat d'un appel à projet de la préfecture, cet événement culturel, l'un des plus importants dans ce quartier populaire depuis une dizaine d'années, a originellement pour but d'appuyer la demande de réouverture de la médiathèque de Pissevin, soutenue par 40 associations locales.
Malgré la présence sur place de policiers qui seront chargés de sécuriser l'événement, le nombre anticipé de participants reste très incertain. "Après ce qu'il s'est passé, on a plusieurs artistes extérieurs qui se sont désistés, ça peut se comprendre. Si une soixantaine de personnes viennent, ce sera déjà bien", confie le jeune de 24 ans, également alternant en animation sociale à l'IFME (Institut de Formation aux métiers Éducatifs) de Nîmes.
Des arts hautement politiques
Au programme, concert de Rap et compétition de danse, avec principalement des artistes nîmois. "Le rap et le Hip-hop sont les arts urbains engagés, ça vient des quartiers et ça parle aux jeunes d'ici. On souhaite mélanger toutes les musiques et toutes les disciplines pour montrer la diversité culturelle du quartier", explique l'organisateur, qui souhaite inciter un maximum d'adolescents à venir participer et s'initier aux arts populaires. "Ce sera toujours mieux pour eux que de traîner dehors et de finir dans des trafics."
D'autres associations culturelles sont attendues, ça fait plaisir de savoir que des acteurs nîmois s'engagent pour la vie du quartier alors que ce n'est pas leur problématique à l'origine, ils viennent avec des ressources et un savoir qu'on n'a pas.
Velou Maoulida, directeur artistique de l'association Stand'hop
Difficile toutefois de rivaliser avec le confort et le luxe que leur promettent les trafiquants, prêts à les payer cher pour faire le guet. "On a déjà perdu 20 adhérents au cours de danse, car ils ont malheureusement choisi d'autres priorités, se désole le directeur artistique. Ce sont à chaque fois des jeunes avec un contexte familial difficile, qui veulent rapporter de l'argent à la maison pour aider leur mère qui les élève seule. Ça nous fait mal au cœur de les croiser en train de guetter dehors ensuite, et même eux baissent les yeux lorsqu'ils nous voient..."