200 victimes, près de deux millions d'euros de préjudice. Le tribunal judiciaire de Nîmes devait juger à partir de mercredi 6 janvier et pendant trois jours une affaire d'escroquerie internationale au bois de chauffage. Mais le procès a finalement été reporté au 15 mars.
Ce sont les gendarmes du Gard qui, après 3 ans d'enquête, ont réussi à démanteler ce système d'escroquerie et à arrêter les auteurs. Une dizaine de personnes a ainsi été arrêtée en septembre 2020, dans un réseau qui œuvrait au niveau national et international grâce à internet.
Tout a commencé par une plainte déposée à Marguerittes, près de Nîmes, dans le Gard, pour un achat de bois payé mais jamais livré.
Un point de départ qui a conduit les gendarmes du département sur la piste d'une escroquerie internationale. Trois ans d'une enquête patiente, parfois fastidieuse. "Un travail de fourmi" reconnaissent les gendarmes, "avec des heures et des heures de travail sur des lignes de compte."
Nous avons fait un gros travail sur les comptes bancaires. On épluche les comptes, toutes les transactions. Petit à petit, on arrive à un travail sur plus de mille comptes, avec de vraies personnes ou avec des identités usurpées".
En analysant ce millier de comptes bancaires et les transferts de fonds associés, les enquêteurs de la gendarmerie ont mis au jour une arnaque intenationale de faux achats et ventes sur internet.
"Au bas de l’échelle il y a ceux qui créent des comptes avec des identités usurpées. Ils récupèrent des coordonnées grâce à des petites annonces, par exemple la vente d'une voiture sur le site Le bon coin, puis ils créent un vrai compte avec", précise Alexandra Aicardi, l'une des gendarmes chargés de l'enquête.
Un réseau pyramidal et international
Grâce à ces fausses annonces, les escrocs se font virer de l’argent, qu’ils transfèrent ensuite à l’étranger, à Malte ou au Bénin par exemple, après avoir gardé une commission pour eux. Au-dessus de ces petites mains, sans casier judiciaire, il y a les donneurs d’ordre et puis les têtes de réseau qui sont pour la plupart basées à l’étranger.
Au total les enquêteurs ont comptabilisé 200 victimes et 200 000 euros de préjudice pour la partie du dossier retenue par le parquet de Nîmes. Dix personnes ont été interpellées.
Les escroqueries portent sur des sommes relativement modestes, de 90 à 2 000 euros mais le nombre d’escroqueries commises et le nombre de victimes font monter le préjudice à près de 2 millions d’euros en tout.
L'escroquerie au bois de chauffage qui a permis de lancer cette affaire n'est qu'un élément d'une vaste organisation internationale.
"Ce sont des sites internet qui sont créés exprès", explique le procureur de Nîmes, "on y vend tout : des locations de vacances, du bois et même des rencontres amoureuses. Ce n’est fait que pour déclencher l’achat de Monsieur-Madame Tout le monde."
La gendarmerie rappelle qu'il faut systématiquement se méfier d'offres alléchantes, sur internet, même sur un site connu, des offres à la moitié du prix pratiqué ailleurs par exemple.
Mais le procès a finalement été reporté au 15 mars ou au mois de juin. La défense n'ayant pas eu le temps de consulter toutes les pièces.