C'est un passage obligatoire pour les bébés flamants, leur unique rencontre avec l'homme qui se fait lors du baguage. Cette année à Aigues-Mortes, quelque 300 flamants ont été identifiés et bagués. Une opération qui permet aux scientifiques d'étudier les déplacements des oiseaux.
Le soleil pointe à peine sur les salins d'Aigues-Mortes, mais déjà montent les cris rauques de flamants roses gardant une "crèche" de poussins ciblée pour une opération de baguage : en 2020, ce site de Camargue connaît un "baby-boom".
Une espèce en plein boom
Aujourd'hui, sur le marais salant d'Aigues-Mortes, on dénombre quelques 40.000 flamants roses adultes contre 15.000 en moyenne. Cette année, entre 12.000 et 13.000 poussins flamants ont vu le jour. D'ordinaire, les bébés ne sont que 1.000 ou 1.500.Paradoxalement, l'opération annuelle de baguage des poussins menée conjointement par le groupe Salins et la Tour du Valat a concerné environ 300 bébés flamants, contre une moyenne habituelle de 800 à 900.Ils viennent se reproduire ici, car ils y trouvent de la quiétude, un niveau d’eau constant et un potentiel alimentaire important.
Des bénévoles moins nombreux
Pour des raisons sanitaires, seuls une quarantaine de "rabatteurs" et "bagueurs" masqués, ont en effet pu être mobilisés au lieu des 150 qui habituellement encerclent la "crèche" et conduisent les poussins dans l'eau vers un enclos dressé sur le sable.Mais pour les rares privilégiés, "c’est magique, c’est vraiment quelque chose qu’il faut vivre au moins une fois", exprime Valentine Paganot, rabatteuse bénévole. Leur mission : mesurer la longueur des membres, peser, vérifier leur jabot et baguer les flamants.
Quand on bague en France, on doit poser une bague en métal, c’est l’identifiant du réseau pour le muséum de Paris. Après je vais également poser une bague plastique qui nous permet de contrôler l’oiseau tout au long de sa vie sans avoir à la capturer.
Mine d'informations pour les scientifiques
Ces bagues, régulièrement lues par des ornithologues du pourtour méditerranéen, constituent une mine de renseignements sur les déplacements, la durée de vie, la fréquence des reproductions ou encore les sites d'alimentation.Pour beaucoup de ces poussins encore tout gris, leur vie rimera avec voyage. Entre deux terres, ce baguage devrait permettre de les retrouver partout où ils migreront.
Depuis 2016, le salin d'Aigues-Mortes est devenu le premier territoire d'accueil pour les flamants roses, pour eux, c'est l'endroit de rêve.
Quelque 50 000 flamants séjournent en été sur la côte méditerranéenne française et 500 000 sont recensés à travers le monde, notamment en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie du Sud-Est.