Les agriculteurs sont en colère. La suppression annoncée au 1er janvier 2019 d'une aide financière en faveur des saisonniers menace l'équilibre de leurs exploitations, notamment pour les maraîchers et les arboriculteurs. Et dans le Gard, ils sont nombreux. Reportage à Jonquières-Saint-Vincent.
Si Salvatore Zoroddu arrache ses abricotiers précoces, gourmands en main d'œuvre, c'est en raison de la concurrence frontale espagnole. Mais c'est aussi parce qu'à partir du 1er janvier, il ne bénéficiera plus de l'exonération des charges sur les contrats des saisonniers. Il a vite fait ses comptes.
La suppression de l'aide représente environ 3.000 euros de charges supplémentaires à l'hectare. Et 3.000 euros, c'est pas ce que nous laisse le verger sur une moyenne de 3 ans" explique Salvatore Zoroddu, exploitant agricole arboriculteur dans le Gard.
80% des entreprises agricoles du Gard emploient des saisonniers, près de 60% dans l'arboriculture et le maraîchage, 40% dans la viticulture. La suppression de cette exonération signifie en moyenne 190 euros de plus à verser par mois et par salarié. Il s'agit du dispositif TODE, travailleurs occasionnels, demandeurs d'emplois.
Ironie de l'histoire, la mesure supprimée avait été mise en place par Bruno Lemaire, lui-même, lorsqu'il était ministre de l'Agriculture. Aujourd'hui, ministre de l'Economie et des Finances, il promet des mesures de compensation.
Dans le Gard, le nombre de saisonniers approche les 20.000.
Des manifestations lundi contre la suppression du dispositif TODE
La suppression de l'exonération des charges pour les travailleurs saisonniers prévue par le gouvernement dans son projet de loi de finances entraînerait la disparition des pommes et poires françaises, selon des producteurs, qui ont arraché deux hectares de pommiers vendredi dans l'Hérault.
Ce serait la fin pure et simple des pommes et des poires en France, car il serait impossible de répercuter la hausse du coût de production", a plaidé auprès de l'AFP le président de l'Association nationale pommes poires (ANPP), qui représente quelque 1.300 producteurs.
La suppression du dispositif TODE (travailleurs occasionnels, demandeurs d'emplois) d'allègement des charges, "en place sous une forme ou une autre depuis 1985", va entraîner une hausse de 2.500 euros du coût du travail saisonnier par hectare et par an, qui est déjà de 20.000 euros, a affirmé Josselin Saint-Raymond, lors de l'arrachage d'un verger de deux hectares, soit 6.000 arbres, à Mauguio, près de Montpellier.
"Or nous avons déjà le coût du travail saisonnier le plus élevé d'Europe, 27% plus cher qu'en Allemagne ou 37% plus cher qu'en Italie", a insisté le président de l'ANPP, en soulignant que déjà deux tiers des fruits consommés en France sont importés.
Même inquiétude des arboriculteurs des Pyrénées-Orientales.