Complémentaire des autres actions des pompiers, la technique du contre-feu consiste à en allumer un nouveau près de l'autre pour le contenir. C'est le cas en Gironde avec les pompiers du Gard. Explications.
L'image peut surprendre. Un pompier, alors qu'il fait face à des colonnes de fumée et des flammes de plus de quinze mètres, en provoque d'autres le long de la route. La vidéo est publiée par les pompiers du Gard, qui luttent activement contre les flammes à Landiras en Gironde. Alors que les incendies se multiplient en France, on fait le point sur la technique du feu tactique, utilisée par les pompiers sur place.
Anticiper les mouvements d'un incendie qui vit
"Le feu est vivant", image Nicolas Coste, lieutenant-colonel et porte parole du SDIS . "Il a donc besoin de respirer et de se nourrir de combustible", continue-t-il. La technique du feu tactique consiste à lui couper les vivres, en brûlant ce qu'il est sur le point de consommer de manière anticipée. "On le prend à son propre piège", conclut-il. Résultat : un feu qui n'a plus rien à brûler et s'éteint de lui même, ou du moins qui ne s'élargit pas. "Quand on travaille sur des gros incendies, bien établis, qui ont entre cinq et dix jours, cette technique peut permettre de le réaligner".
Autre objectif : sécuriser les conditions de travail des pompiers sur place. "Face à un front d'incendie, la situation peut parfois être très difficile à tenir", selon le lieutenant colonel Coste. Avec la technique du feu tactique, les flammes allumées vont d'abord être d'une faible intensité, puis vont progresser vers l'incendie principal, situé plus loin. "Ce que l'on brûle volontairement est perdu de toute façon", explique Nicolas Coste.
Un terrain à étudier
L'allumage d'un contre-feu est très encadré et doit se faire dans le respect de plusieurs éléments. Formation, conditions météorologiques… Le plus important de ces éléments : c'est le terrain. Pour être efficace, il doit être allumé à proximité directe d'une "zone d'appui". En d'autres mots, il s'agit d'une limite naturelle ou artificielle comme une route, un sentier, une falaise ou une rivière qui permette d'assurer que le nouveau feu ne s'étende que dans une seule direction. "On ne peut pas faire de contre-feu en pleine zone de végétation", explique le lieutenant colonel.
Autre limite à étudier : le vent. Si le vent est l'ennemi juré des pompiers et le meilleur ami des feux de forêt, sa force et sa direction sont à prendre en compte avant l'allumage d'un contre-feu. "Le vent génère des sautes de flammes, alors le contre-feu aussi", tempère le Nicolas Coste. Mais la force de cette technique vient surtout du fait qu'elle puisse s'utiliser pour tout type d'incendie.
Si ces principaux critères sont réunis, alors de nouvelles flammes peuvent-être allumées, dans l'espoir qu'elles anéantissent les premières. "Quel que soit le stade d'évolution d'un feu de forêt, cette technique peut-être appliquée", juge le lieutenant colonel, avec en mémoire les feux de forêt qui avaient ravagé l'Australie en 2020. Envoyé sur place, Nicolas Coste avait eu recours aux contre-feux, malgré l'étendue des incendies sur plusieurs dizaines de milliers d'hectares.
120 pompiers formés pour appliquer cette technique.
Mais jouer avec le feu au beau milieu des flammes n'est réservé qu'à l'élite. Nicolas Coste détaille une formation réservée aux pompiers professionnels qui ont au moins dix ans d'ancienneté, et qui ont un "vécu opérationnel". Au total, seuls 120 pompiers peuvent appliquer cette technique, après avoir eu une formation qu'il encadre.