210%. C'était le taux d'occupation de la prison de Nîmes au 1er février 2022. Cette maison d'arrêt est depuis des années parmi les plus surpeuplées de France. Au dernier recensement, il y a 10 jours, il y avait 419 détenus pour 198 places théoriques.
Les prisons françaises comptaient au 1er février, 69.964 détenus, un nombre en légère hausse par rapport au mois précédent, plus 516 personnes incarcérées sur un mois, selon les données statistiques du ministère de la Justice.
Sur une année, on dénombre 6.162 détenus de plus, soit une croissance de 9,7% de la population carcérale, qui frôle depuis plusieurs mois la barre des 70.000 personnes.
419 détenus pour 198 places à Nîmes
7 établissements pénitentiaires en France ont une densité carcérale supérieure ou égale à 200% et 97 établissements à 120%.
En haut de la liste, la maison d'arrêt à Bordeaux-Gradignan avec 213% d'occupation, puis Nîmes 210%, 2e prison de France la plus surpeuplée.
"Nous avons l'habitude d'être dans le trio de tête de ce triste palmarès. Et depuis le 1er février, ces chiffres ont augmenté" explique Frédéric Pallini, secrétaire locale-adjoint Ufap-Unsa Justice Nîmes.
La prison de Nîmes, ce sont 198 places, dont 24 pour femmes, et 108 personnels, en théorie. En fait, il y a 419 détenus au total, pour 105 employés.
Et jusqu'en 2024-2025, des travaux d'agrandissement et de restructuration vont perturber le fonctionnement de l'établissement.
Un nouveau bâtiment de 150 places
Depuis quelques mois, des travaux ont démarré pour assurer la construction d'un bâtiment neuf, dans l'enceinte de la prison. Il faudra attendre courant, voire fin 2024, pour son ouverture.
- Phase 1 : jusqu'en avril-mai 2022 = préparation du site de construction avec reconfiguration de l'intérieur de la prison. Car il faut créer une nouvelle entrée pour les engins de chantier, tout en isolant le reste de la prison du dehors.
- Phase 2 : jusqu'à fin 2023 = construction du bâtiment neuf de 150 places
- Phase 3 : jusqu'à fin 2024 = raccordement des 2 sites, recalibrage des infrastructures techniques et réouverture totale.
Ce qui inquiète les syndicats, c'est que paradoxalement ces places supplémentaires n'accroissent encore la surpopulation.
"Ce nouveau bâtiment devrait faciliter le fonctionnement et le travail du personnel. Mais ce que je redoute, c'est que ces 150 places ne viennent pas réduire la surpopulation et qu'au contraire, l'administration profite de ce nouveau bâtiment pour y mettre 150 détenus de plus".
Frédéric Pallini, secrétaire locale-adjoint Ufap-Unsa Justice Nîmes.
Les syndicats espèrent la création de 25 à 50 postes.
Une nouvelle prison de 700 places à Nîmes
Un nouveau centre pénitentiaire verra le jour dans le Gard. Il ne sera pas construit à proximité d'Alès comme annoncé en 2018 mais au sud de Nîmes, vers Générac, sur le site de l'ancienne base logistique du contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier.
Sa capacité d'accueil a été revue à la hausse, passant de 500 à 700 places.
Coût estimé du chantier de la nouvelle prison, 150 millions d'euros. Démarrage des travaux prévu en 2024 pour une livraison en 2027.
Une surpopulation moyenne de 115% en France
Avec 69.964 détenus pour 60.701 places opérationnelles dans les prisons de France, qui souffrent d'une surpopulation chronique, la densité carcérale s'établit désormais à 115,3% contre 104,9%, il y a un an.
Cette densité est de 143,2% dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines.
Parmi les détenus, 19.333 (27,6%) sont des prévenus, incarcérés dans l'attente de leur jugement.
Au total, 84.214 personnes étaient placées sous écrou au 1er février, dont 14.250 non détenues faisant l'objet d'un placement sous surveillance électronique (13.540) ou d'un placement à l'extérieur (710).
Le nombre de femmes écrouées (3,5% de la population carcérale totale) et de mineurs (0,8%) sont stables.
La barre très symbolique des 70.000 détenus en France avait été franchie pour la première fois en avril 2018, avant de dépasser 71.000 en novembre 2018 puis 72.000 en mars 2020, au tout début de la pandémie.
Le nombre de détenus était repassé sous la barre des 70.000 au printemps 2020 à la faveur d'une baisse de la délinquance pendant le confinement, du ralentissement de l'activité judiciaire ainsi qu'à des libérations anticipées pour les fins de peine afin d'éviter une crise sanitaire et sécuritaire en détention.