Un drone transportant des lames de scies s’est écrasé dans la cour de la maison d’arrêt de Nîmes dans la nuit du 7 au 8 août. Une découverte qui fait craindre de nouvelles agressions et qui interroge sur la capacité à stopper l’entrée de ces objets illicites dans l’enceinte des prisons.
Il n’y a pas que les géants du e-commerce qui s’intéressent aux livraisons par drone. Le système semble également être expérimenté au sein des prisons, pour ravitailler en toute discrétion les détenus. C’est ce qui s’est produit dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 août au sein de la maison d’arrêt de Nîmes.
Un drone s’est en effet écrasé dans la cour nord de la prison, répendant au sol sa cargaison : des câbles de téléphones, tout ce qu’il faut pour une bonne chicha, mais aussi plusieurs lames de scies de petite taille. Des objets évidemment interdits dans l’enceinte de la prison.
« Ces lames, faciles à cacher, permettent de scier un peu tout ce que l’on veut pourvu qu’on y mette le temps. Et le temps, ce n’est pas ce qui manque à nos pensionnaires et c’est ce qui nous rend particulièrement inquiets » a affirmé le syndicat Ufap-Unsa justice dans un communiqué.
Câbles, chicha, et lames de scies...
Selon le syndicat, il s’agirait d’un drone relativement onéreux, puissant, et donc capable de transporter des objets plus ou moins lourds comme des couteaux, des explosifs ou des téléphones. Si le pilote n’avait pas perdu le contrôle de son drone, l’appareil n’aurait très certainement pas été repéré.
Comment savoir dans ce cas depuis quand l’engin était utilisé pour faire le lien entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment, et quels objets ont pu être transportés ?
Si l’anecdote peut paraître amusante, elle n’en est pas moins révélatrice d’une situation hors de contrôle. En effet, les murs des prisons se font de plus en plus minces. Les objets circulent à flux tendus, car les méthodes pour remettre des objets aux détenus de manière illicite sont nombreuses, et les parades compliquées.
Le drone est la dernière invention du genre, mais les méthodes traditionnelles perdurent. La première restant celle du projectile : des balles de tennis évidées, des ballons de foot, des bouteilles, lancées au-dessus du mur d’enceinte.
Des prisons passoires
Les passages clandestins lors des parloirs sont également monnaie courante. Car depuis la mise en application de l'article 57 de la loi pénitentiaire, les fouilles intégrales systématiques au retour du parloir sont interdites. Les surveillants doivent pouvoir justifier leurs soupçons.
Résultats, de nombreux détenus sont en possession d’objets interdits : des téléphones portables, des clés, des outils, des lames, de la drogue, mais aussi des couteaux en céramique. Une arme dangereuse, très difficile à repérer puisque la céramique ne fait pas sonner les portiques et les détecteurs de métaux.
En quelques mois, pas moins de deux couteaux et trois tournevis ont été découverts dans les cellules de la prison de Nîmes. « La période se prête bien aux travaux dans notre établissement, mais il est impensable de croire que ces outils étaient destinés à participer à sa rénovation » ironise le syndicat Ufap-Unsa justice. La maison d’arrêt est en effet en pleins travaux depuis le 27 avril. Un vaste programme de rénovation est en cours afin de construire 150 nouvelles places.
Tensions dans une prison surpeuplée
Face à cet événement, l’Ufap demande qu’«une fouille du bâtiment hommes soit effectuée afin de sécuriser un maximum la Maison d’Arrêt». Les surveillants pénitentiaires redoutent de nouvelles agressions, dans un climat déjà extrêmement tendu.
La période se prête bien aux travaux dans notre établissement, mais il est impensable de croire que ces outils étaient destinés à participer à sa rénovation.
La maison d’arrêt de Nîmes est en effet la prison la plus bondée de France : au 21 juin, ils étaient 295 détenus, avec un taux de surpopulation avoisinant les 190 %. Résultat, les détenus sont parqués à trois dans des cellules de 9,5 mètres carrés, et les bagarres sont fréquentes. Pour faire respecter l’ordre, l’établissement fonctionne avec seulement 97 surveillants, un chiffre suffisant pour seulement 200 détenus. L’entrée d’objets potentiellement dangereux, est donc d’autant plus à craindre dans cette prison, où la situation peut déraper à tout moment.