Le dry january ou janvier sobre, cette campagne de santé publique, démarre en France. Le principe consiste à ne plus boire pendant le mois de janvier afin de réfléchir à sa consommation d’alcool. Née en 2013 en Grande-Bretagne, cette initiative rencontre depuis 3 ans un succès inattendu dans l’Hexagone. Mais il reçoit un accueil mitigé chez les professionnels du vin gardois.
Ne plus boire en janvier, de quoi faire une pause après une période de fêtes souvent accompagnée d’une grande consommation d’alcool. 30 % des français affirment vouloir relever le défi du Dry january (sondage YouGov).
L’objectif n’est pas de faire une fleur à son corps mais plutôt d’observer son comportement vis-à-vis de l’alcool, de se rendre compte de ses effets sur sa santé et sa vie sociale et de réaliser si sa consommation est trop importante voire préoccupante. Sur Facebook les participants sont invités à faire partager leur expérience.
Selon un sondage BVA réalisé pour la Ligue contre le cancer, 31% des français admettent dépasser les seuils recommandés par l’agence sanitaire Santé Publique France à savoir 10 verres maximum par semaine avec une pause de 2 jours.
Et la crise sanitaire a entraîné une augmentation de la consommation d’alcool puisque 17% des participants à cette enquête estiment boire davantage depuis le début de la pandémie, en particulier les jeunes.
Boire avec modération mais sans s’abstenir
La fédération gardoise des vins IGP réagit à ce mois sans alcool. Si elle reconnaît qu’il faut lutter contre les consommations excessives d’alcool, elle dénonce la méthode de ce mois sobre. « S’abstenir pendant un mois c’est extrême. Nous considérons qu’il faut une consommation modérée qui correspond à notre tradition. Le mois sans alcool est dans la même logique que le mois sans tabac. Les addictologues et les associations qui portent cette initiative veulent se donner bonne conscience mais nous craignons que le message derrière soit stop à l’alcool tout court » explique Denis Verdier, Président de la fédération gardoise des vins IGP.
La fédération gardoise rappelle que la filière s’engage fortement déjà dans la prévention. « Dans notre département la production viticole est passée en 20 ans de plus de 3,5 à 2,5 millions d’hectolitres. On est passé du quantitatif au qualitatif et nous nous sommes engagés dans la promotion de nos IGP pour prôner une consommation responsable » détaille Denis Verdier.
D’un point de vue économique le secteur a souffert avec la taxe Trump. Il a aussi subi les conséquences de la pandémie avec la fermeture ponctuelle des restaurants et des bars et l’interdiction des rassemblements festifs.
Nous n’avons pas besoin d’en rajouter une couche. C’est nocif sur le plan économique et pour le moral des français qui ont besoin de convivialité.
Denis VerdierPrésident de la fédération gardoise des vins IGP
De vrais bénéfices pour la santé
Mais pour les addictologues, le jeu en vaut la chandelle.
En faisant cette expérience, les participants réfléchissent à la place de l’alcool dans leur vie et peuvent en retirer des bénéfices pour leur santé comme l’amélioration du sommeil ou la perte de poids
Hélène DonnadieuResponsable du département addictologie au CHU de Montpellier
Hélène Donnadieu s’inscrit en faux contre la crainte de la filière viticole. « Nous ne sommes pas des hygiénistes. Ce défi amène les participants qui ne sont pas addicts à réguler et contrôler leur consommation sur le long terme pour que son usage reste festif. C’est le but recherché et pas celui d’être dans un projet d’abstinence au long cours. »
Pour réussir son défi, Thierry Bonjour, addictologue au CHU de Nîmes conseille de se fixer ses propres objectifs. Réaliser ce challenge entre amis ou entre collègues est aussi un moyen de le rendre ludique.
Le mois sans alcool pourrait devenir, lui aussi, une tradition.