Cet après-midi, mardi 26 septembre, quatre détenus citent l'Etat, en la personne de son représentant le préfet du Gard Didier Lauga, à comparaître devant le Tribunal correctionnel de Nîmes pour "mise en danger" afin de dénoncer les conditions de détention à la maison d'arrêt nîmoise.
L'avocate des quatre détenues, Me Khadija Aoudia, demande à la juridiction de condamner l'Etat pour la "violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité et de prudence imposée par la loi".
Le conseil reproche entre autres à la prison d'avoir "exposé les personnes détenues et le personnel pénitentiaire à un risque immédiat de mort ou de blessures" en laissant "perdurer la surpopulation carcérale (...), l'incarcération de personnes atteintes de pathologie mentale mises en cellule avec des personnes particulièrement vulnérables (...), l'incarcération de personnes atteintes de maladies transmissibles (VIH, hépatite B, etc...), l'insalubrité".
Exposé les personnes détenues et le personnel pénitentiaire à un risque immédiat de mort ou de blessures
Le viol, cet été, de l'un de ses clients actuellement détenu à la Maison d'arrêt de Nîmes a été l'incident de trop. "Dans un Etat de droit, il faut distinguer la privatisation de liberté, qui est la sanction admise, de la privation de dignité qui découle des conditions de détention," explique Me Khadija Aoudia à Objectif Gard.
Distinguer privatisation de liberté et privation de dignité
Avec cette plainte pénale contre l'Etat, l'avocate se dit consciente d'engager "un combat judiciaire extrêmement difficile puisque l'Etat est par principe irresponsable pénalement". "Donc je suis obligée de passer par une citation directe puis d'établir une question prioritaire de constitutionnalité pour une égalité de traitement devant la loi", explique-t-elle.
Je suis en détention mais je n'ai pas signé mon arrêt de mort
"Mes clients me disent +je suis en détention mais je n'ai pas signé mon arrêt de mort+", déclare Me Aoudia.
Record français de surpopulation carcérale
A la fin du quinquennat de François Hollande, le gouvernement avait annoncé la création d'une trentaine de nouveaux établissements pénitentiaires, dont une maison
d'arrêt à Alès (Gard) pour désengorger celle de Nîmes, qui détient le record français de surpopulation carcérale avec environ 400 détenus, hommes et femmes, pour environ 190 places.