Après Palavas-les-Flots, dans l'Hérault, c'est au tour de la ville de Nîmes (Gard) d'interdire l'usage et l'abandon de capsules de protoxyde d'azote sur la voie publique. Ce gaz en vente libre est très prisé de certains jeunes pour ses propriétés hilarantes et "planantes" mais n'est pas sans danger.
A l'instar de Palavas-les-Flots (Hérault) il y a quelques jours, la ville de Nîmes (Gard) vient de prendre un arrêté interdisant la détention, l'usage "sous forme d'inhalation" et l'abandon de capsules de protoxyde d'azote sur la voie publique. Cet arrêté n'en interdit toutefois pas la vente aux mineurs. Le texte est applicable depuis le 3 septembre 2019. Un signe supplémentaire de l'inquiétude de nombreux élus locaux face à la consommation grandissante de ce gaz hilarant en France.
L'arrêté de la ville de Nîmes interdisant les gaz hilarants
Au nom de la santé publique
Comme d'autres édiles, Jean-Paul Fournier, maire (LR) de Nîmes, a donc pris cette mesure au nom de la santé publique et du trouble à l'ordre public que constitueraient les comportements liés à l'inhalation de protoxyde d'azote. Richard Tiberino, l'adjoint au maire en charge de la Sécurité, explique comment il a pris conscience du problème :
J'ai été alerté et surpris il y a quelques mois par de nombreux articles de presse et par les arrêtés pris par d'autres maires en France, je ne connaissais pas ce phénomène. Mais depuis, il ne se passe pas un jour sans qu'on retrouve de nombreuses capsules à Nîmes. Aujourd'hui même, j'en ai ramassé 2 juste devant la caserne des pompiers ! C'est tout nouveau et ça se répand très rapidement, il y a encore 2 à 3 mois, on n'en voyait pas !
Dans la cour d'une école et derrière la gare
Le jour de la rentrée scolaire, le maire, Jean-Paul Fournier, en aurait lui-même découvert dans la cour de l'école de la Placette qu'il était en train de visiter. Et sur la page Facebook de Richard Tiberino, les témoignages affluent. Les élus ont donc demandé aux policiers municipaux de redoubler d'attention lors de leurs patrouilles, notamment aux abords des établissements scolaires. Même si les endroits où l'on retrouve le plus fréquemment ces capsules sont les alentours de la gare et des ponts SNCF.
En vente libre pour quelques euros
Car dans de nombreuses villes, les mêmes scènes sont observées à la tombée du jour. Certains jeunes se réunissent dans des espaces publics pour consommer ensemble une ou plusieurs de ces capsules en vente libre, que l'on peut se procurer pour quelques euros sur internet ou en grandes surfaces, puisqu'elles servent à faire fonctionner les syphons à crème chantilly.
Un usage récréatif qui peut être mortel
Le protoxyde d'azote est également utilisé en bonbonnes dans l'industrie et en médecine, dans les protocoles d'anesthésie. Mais son usage récréatif à fortes doses peut entraîner de sérieux problèmes de santé au bout de quelques semaines à peine :
- Confusion, désorientation,
- Difficultés à parler et à coordonner ses mouvements,
- Faiblesse musculaire,
- Ralentissement ou irrégularités du rythme cardiaque,
- Pertes de mémoire.
Le site DroguesInfoService.fr précise qu'un surdosage peut entraîner des troubles moteurs, des convulsions, voire une détresse respiratoire pouvant entraîner la mort.
Un gaz hilarant aux effets immédiats et éphémères
Mais les vertus euphorisantes de ces capsules de gaz "hilarant" semblent plus fortes que les moindres réticences. Car l'effet est immédiat : en quelques secondes après l'inhalation, hallucinations et fous rires incontrôlables saisissent les consommateurs. Un effet cependant très éphémère : il dure moins d'une minute. La tentation est donc grande de faire usage de plusieurs capsules dans la même soirée, ce qui augmente d'autant les risques sanitaires.
Amende de 38 euros
Des capsules ensuite souvent abandonnées sur la voie publique, dans les parcs, espaces verts ou autres caniveaux. Pour les municipalités, surgissent alors d'autres nuisances : risque de chute pour les piétons ou cyclistes marchant ou roulant dessus, pollution et surcroît de travail pour les services de nettoyage chargés de ramasser ces déchets de plus en plus nombreux. A Nîmes, l'arrêté municipal ouvre désormais la voie à la verbalisation des consommateurs, passibles d'une amende de 38 €. Reste à savoir si ce montant sera dissuasif.