Pierre Lucchini, maire de Moulézan, vient envoyer sa démission au préfet du Gard. Cet élu d’un village de quelque 650 habitants, situé au nord-est de Nîmes, avait avoué avoir inventé près de 700 avis positifs pour une enquête publique portant sur l'implantation de cinq éoliennes sur sa commune.
Porté par TotalEnergies et la municipalité de Moulézan depuis plusieurs années, ce projet d’implantation de cinq éoliennes dans le Bois des Lens avait déjà suscité une vive opposition de la part de riverains d'autres communes concernées, en particulier celle de Montagnac.
Pierre Lucchini, maire de Moulézan, a reconnu avoir inventé près de 700 avis positifs en faveur de la création de ce parc éolien parmi 2400 contributions de citoyens recueillies sur une plateforme en ligne, en automne 2023, lors d’une enquête publique portant sur ce projet.
Mi-décembre, la commissaire enquêtrice avait donné un avis favorable mais avec réserves au projet.
Le pot aux roses a été découvert par nos confrères d'Objectif Gard, relayés par le Canard Enchaîné : Julien Plantier, premier adjoint au maire de Nîmes, avait découvert qu’un message de félicitation pour ce projet avait été publié sur internet avec son identité et avait porté plainte pour usurpation d’identité. Comme un autre élu de l’Agglo de Nîmes et des membres de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
L'affaire en justice
Le maire de Moulézan doit être jugé à la mi-mai devant le tribunal de Nîmes pour faux et usage de faux et usurpation d’identité.
L'élu vient d'envoyer sa lettre de démission à la préfecture, qui a confirmé sa réception. Le préfet du Gard doit à présent l'entériner par courrier pour qu'elle soit officielle.
Pierre Lucchini, également vice-président de la communauté d'agglomération Nîmes métropole en charge des énergies nouvelles, a déjà perdu sa délégation. Une décision prise début février suite à cette affaire de faux par Franck Proust, le président de Nîmes métropole.
Quant au collectif d'associations opposées à l'implantation d'éolienne, eux, avaient estimé que "ces actes frauduleux devraient conduire à l'annulation de l'enquête publique, voir à l'abandon pur et simple du projet".
En attendant, le tribunal administratif de Nîmes doit désigner une nouvelle commission "afin de reprendre l’enquête publique dans son intégralité".