Rendue en décembre, une enquête publique a donné un avis favorable à un projet de TotalEnergies, qui veut implanter cinq éoliennes à Moulézan, dans le Gard. Depuis, le maire de la commune a avoué avoir fabriqué 700 faux avis de citoyens dans le cadre de ce rapport, usurpant l'identité d'élus et de responsables associatifs. La justice demande que l'enquête soit refaite.
L’enquête publique concernant le projet d’implantation de cinq éoliennes sur la commune de Moulézan, dans le Gard, doit être refaite dans son intégralité, a réclamé le tribunal administratif de Nîmes, accédant à une demande du préfet du Gard, informe ce dernier.
"Le projet d’implantation d’éoliennes présente des anomalies ainsi que des points nécessitant d’être approfondis", explique le préfet du Gard, Jérôme Bonnet, dans un communiqué, ce jeudi 8 février. Le préfet indique avoir demandé au tribunal administratif de Nîmes de désigner une nouvelle commission d'enquête "afin de reprendre l’enquête publique dans son intégralité". "Le président du tribunal administratif a fait droit à cette présente demande", annonce le communiqué.
Usurpation d'identités
Rendue en décembre, une première enquête publique a donné un avis favorable à un projet de TotalEnergies, qui veut implanter cinq éoliennes sur la colline de Moulézan, au cœur du Bois des Lens. Depuis, le maire de la commune a avoué avoir fabriqué 700 faux avis lors d'une consultation des citoyens dans le cadre de ce rapport, usurpant pour cela l'identité d'élus et de responsables associatifs, comme le révélait le 7 février Le Canard enchaîné.
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Pierre Lucchini, maire de Moulézan, mais aussi vice-président de Nîmes Métropole, a reconnu sa culpabilité et sera jugé en mai prochain pour faux et usage de faux et pour usurpation d'identités, a informé le procureur de Nîmes. Il aurait notamment lui-même posté un faux avis au nom de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) du Gard, faisant dire à l'association que "les oiseaux possèdent un sens de la vue très développé, ce qui leur permet d'éviter les éoliennes".
Des "dérives" remarquées
La commissaire en charge de la première enquête, Jeanine Riou, notait elle-même, dans les conclusions de son rapport, "quelques dérives constatées", n'ayant, selon elle, "pas compromis le bon déroulement de l’enquête".
Le projet éolien de TotalEnergies, soutenu par Pierre Lucchini, rapporterait 100 000 euros annuellement à la commune de Moulézan, mais est décrié par le collectif d'associations du Bois des Lens pour son impact environnemental. Le collectif a réuni 19 000 signatures contre le projet éolien. Le 7 février, apprenant la fabrication de faux avis lors de l'enquête publique, le collectif appelait à l'annulation de cette dernière, "voire à l'abandon pur et simple de ce projet".