Patrick Bottero avait été jugé à Lyon pour des humiliations et gestes violents dénoncés par sa compagne en 2019, alors qu’il était en poste à Nîmes comme vice-procureur. Il a été jugé en correctionnelle le 11 septembre à Lyon, où l'affaire avait été délocalisée. Six mois de prison avec sursis avaient été requis à son encontre.
Le délibéré a été rendu ce lundi 2 octobre 2023. Les juges lyonnais ont reconnu Patrick Bottero coupable de violences conjugales envers son ancienne compagne. Il a été condamné à cinq mois de prison avec sursis et à suivre un stage de sensibilisation aux violences conjugales et sexistes.
Patrick Bottero, 42 ans, avait été jugé pour "violences par conjoint" devant le tribunal judiciaire de Lyon pour des faits remontant à l'année 2019 alors qu'il était procureur adjoint au parquet de Nîmes. Il était accusé par son ex-compagne, une stagiaire de 25 ans rencontrée dans la juridiction gardoise.
Violences, humiliations
À la barre, la plaignante avait détaillé plusieurs scènes de violences : gifles et sein pincé. C'est le Canard enchaîné qui avait révélé cette affaire dans un article intitulé "Balance ton proc" où il était question de plusieurs autres plaintes d'une précédente compagne. Des plaintes classées sans suite.
L'avocat de la nouvelle plaignante, Olivier Morice, avait dû "batailler ferme pour obtenir le dépaysement de l’affaire dans une autre juridiction."
Accusations réfutées
Lors du procès à Lyon, Patrick Bottero avait admis avoir multiplié les conquêtes féminines. Selon Le Monde, il avait expliqué à la barre que c’était la jalousie qui avait incité la jeune femme à proférer ce qu'il affirmait être de fausses accusations. Il avait alors réfuté toute violence à l'encontre de la jeune femme.
Joint au téléphone par France 3 Occitanie, Me Olivier Morice avocat de la plaignante ne cache pas sa satisfaction.
M. Bottero qui se drapait dans un déni des faits n'a pas convaincu les juges.
Me Olivier Morice, avocat de la plaignante
Cette condamnation de principe qui est une condamnation sévère nous satisfait compte tenu de la responsabilité professionnelle de Mr Bottero à l'époque puisque non seulement il était vice-procureur mais qu’il lui arrivait régulièrement de requérir dans des affaires de violences conjugales et de traitement.
Maintenu en poste, muté à Marseille
Ce magistrat, muté à Marseille au moment du dépôt de plainte, n'avait pas été suspendu par le conseil supérieur de la magistrature, malgré la demande de ses supérieurs dans le Gard.
"Nous espérons à présent que le CSM reverra son appréciation de la situation. Il est tout de même problématique qu'un magistrat soit condamné pour de telles violences alors que sa mission consiste notamment à protéger les femmes qui en sont victimes", ajoute l'avocat.
Appel
Contacté par France 3 Occitanie, Me David Gaveriaux l'avocat de Patrick Bottero indique avec son client "avoir pris acte du jugement. Comme en première instance, nous nions toute accusation de violence et nous allons d'ores et déjà faire appel."