Cyrille Adam, 72 ans, dit le "Loup blanc", était jugé pour une série de viols et d'agressions sexuelles sur d'anciennes adeptes dans le Gard et le Tarn-et-Garonne. La Cour d'assises de Nîmes l'a condamné ce vendredi soir à 15 ans de réclusion criminelle. Le gourou a toujours ses soutiens. Ils ont suivi tout le procès.
C'était une ambiance surréaliste pour une cour d'assises qui régnait à Nîmes depuis lundi 23 septembre. Si d'habitude les rangs du public sont parsemés, c'est une assistance nombreuse et recueillie qui a pris place sur les bancs du public. Une assistance qui n'a pas quitté des yeux ni perdu une miette des débats du procès de son maître spirituel, "Loup blanc", alias Cyrille Adam, chamane autoproclamé jugé depuis le début de la semaine pour viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables.
Disciples dans la salle
Le gourou a toujours ses adeptes. Une quarantaine d'entre eux était présents chaque jour. Surtout des femmes aux longs cheveux, blancs, gris ou bruns flottant sur leurs épaules. Certaines, comme leur "maître spirituel", n'ouvrant que rarement les yeux comme si elles étaient plongées dans une profonde méditation.
Motus et bouche cousue
Il a aussi quelques hommes, des jeunes ou plus âgés aux cheveux longs noués en catogan. Quand on leur demande s'ils veulent répondre à nos questions, échaudés par un article de presse écrite qui leur a déplu, ils répondent tous par la négative.
Ils semblent s'être passés le mot : ne plus parler aux journalistes. Des journalistes complices d'un système qui aurait voulu la perte de "Loup blanc" qu'ils continuent à défendre malgré toutes les accusations portées à son encontre. Un prolongement de la théorie du complot développée par Cyrille Adam avec ses disciples, une théorie encore distillée au procès où l'accusé a affirmé que le seul capable de le juger se trouvait "là-haut".
Souffle le chaud et le froid
Sur un banc de l'autre côté de la salle, une des victimes. Une jeune femme de 29 ans qui a réussi à se sortir des griffes du gourou. Maltraitée dans son enfance, agressée sexuellement à l'adolescence, l'étudiante éprise de spiritualité rencontre le gourou à l'âge de 20 ans. D'après l'accusation, Cyrille Adam n'a pas son pareil pour repérer les fragilités. À la jeune fille fragile et en recherche d'une figure paternelle, tantôt dénigrée, tantôt encensée avec laquelle, il "souffle le chaud et le froid" et propose "un travail sur l'énergie sexuelle".
Il a 60 ans, elle 20. Elle ne s'y attend pas. "Il m'a retournée dans tous les sens, j'étais de marbre. Je n'ai rien dit, j'avais peur qu'il me rejette", rappelle son avocat pour expliquer le phénomène d'emprise. Traitée "d'allumeuse" un jour, elle est taxée de "coincée à qui il va acheter des godemichés et des tenues affriolantes pour la dévergonder", le lendemain.
Prison mentale
La jeune femme devenue mère de famille a quitté la communauté considérée comme une secte par la Miviludes. "Elle s'est évadée de la prison mentale", érigée par Cyrille Adam, souffle une avocate de la partie civile. Ce n'est pas le cas pour les autres disciples féminines agglutinées dans la salle de la cour criminelle, certaines avec lesquelles il a entretenu une relation et des rapports sexuels. Pour elles, le gourou n'est "qu'amour". Une mère de famille a assuré qu'elle serait prête à lui confier sa fille pour un travail tantrique et "pour qu'elle se libère sexuellement".
Elle devra attendre. Cyrille Adam, reconnu coupable de viols et agressions sexuelles a été condamné, ce vendredi 27 septembre 2024 au soir, à 15 ans de réclusion criminelle, après près de 4 heures de délibéré. Il a immédiatement annoncé qu'il faisait appel.