Au 4e jour du procès pour tentative d'assassinat aux Assises du Gard, Richard Perez et ses quatre coaccusés sont attendus à la barre. Mais ce jeudi matin, faute de la présence du témoin clé de l'affaire, Raymond Houlonne, victime présumée du projet de meurtre, un mandat d'amener a été émis contre lui pour le forcer à venir répondre aux questions de la cour.
Plus de 11 ans après les faits, cinq hommes sont dans le box des accusés devant les Assises du Gard, depuis lundi. Ils comparaissent libres pour tentative d'assassinat et tentative d'homicide sur un policier.
Richard Perez, 60 ans, surnommé "le roi des poubelles", Robert Alouache, 51 ans, Hakim Mammad, 51 ans, Jean-Baptiste Belliure, 65 ans et Djemel Khadir, 43 ans, crient leur innocence.
Une vengeance dans le milieu nîmois ?
À la tête de plusieurs sociétés de ramassage des déchets, Richard Perez est soupçonné d'avoir commandité une tentative d’assassinat contre Raymond Houlonne, son ancien associé, présenté comme une figure du milieu nîmois. Ce dernier était dans la résidence ciblée par le commando.
Le "roi des poubelles", condamné à plusieurs reprises pour abus de biens sociaux et association de malfaiteurs, 11 mentions sont inscrites dans son casier, conteste les faits. Il a passé deux ans en détention provisoire avant d'être libéré sous contrôle judiciaire.
Au procès, étonnement, la cible présumée du projet d'assassinat, Raymond Houlonne, manque à l'appel et reste introuvable, il ne s'est même pas porté partie civile.
Un procès rocambolesque
Outre l'agacement des accusés, qui affirment ne pas comprendre pas ce qu'ils font là, leurs retards aux audiences et leur attitude qui ne plaît pas à la présidente, au 4e jour du procès, c'est l'absence d'un témoin clé qui a animé les débats. Celle de Raymond Houlonne, présenté comme le parrain nîmois des années 2010.
L'avocat général s'est ému de son absence, expliquant que son témoignage était unanimement attendu pour éclairer la vérité. Il a donc réclamé la force publique pour le faire venir à la barre.
Dans la foulée, la présidente de la cour d'assises à délivré un mandat d'amener contre Raymond Houlonne. La police doit donc désormais le trouver rapidement et l'escorter jusqu'au palais de justice de Nîmes afin qu'il puisse témoigner et répondre aux questions des parties.
Il y en a qui nous ont accusé, on s'aperçoit qu'il ne sont pas là aujourd'hui. C'est pourtant capital pour nous. On ne peut pas nous condamner sans qu'ils soient venus témoigner au procès. On demande à ce qu'ils viennent par tous les moyens. Nous, on a des quadruples peines depuis 3 à 5 ans et eux, ils sont toujours dehors. Il faut que la vérité éclate. Vous verrez, vous allez être tous surpris.
Richard Perez, accusé aux Assises du Gard.
Pour la défense, sans témoin, le dossier ne tient pas. "C'est un dossier tronqué, celui à l'encontre duquel on nous accuse de vouloir porter des coups n'est pas là. On se pose désormais la question du mobile de l'accusation et de la motivation de l'accusation pour continuer à maintenir les infractions reprochées" explique Patrick Gontard, avocat de la défense.
Ce jeudi après-midi sera consacré à l'interrogatoire des cinq accusés.
Une tentative d'assassinat, il y a plus de 11 ans
Dans la soirée du 22 février 2013, des coups de feu retentissent dans une résidence du chemin du golf, dans le quartier de Vacquerolles, à Nîmes, alors qu'une patrouille de police se trouve à proximité. Elle a été appelée par un riverain inquiet de la présence de deux individus tapis dans une haie devant l'immeuble de ce quartier chic de la préfecture du Gard.
Des coups de feu sont échangés entre les policiers et les malfaiteurs habillés en noir, cagoulés, gantés et armés de fusils à pompe qui attendent non loin, dans une voiture volée. Il n'y a pas de blessé.
L'un d'eux est interpellé, l'autre prend la fuite. Dans la voiture, un bidon d'essence est retrouvé.
L'homme, déjà bien connu de la justice, est mis en examen pour association de malfaiteurs, détention d'armes en bande organisée et tentative de meurtre sur policier.
Plusieurs hypothèses sont envisagées quant à la présence de ces hommes armés, dont la piste de la tentative de règlement de comptes et d'un assassinat commandité.
Au total, cinq accusés comparaissent libres sous contrôle judiciaire dans cette affaire. Tous sont connus de la justice, certains affichent déjà plusieurs condamnations dans d'autres dossiers. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Le verdict sera rendu ce vendredi 14 juin.