Si les conditions sanitaires le permettent, les cinémas devraient rouvrir leurs portes le 15 décembre. Malgré les contraintes de jauge et d'horaires, les salles d'Occitanie sont sur le point de boucler leur programmation.
Depuis le 29 octobre, les cinémas sont sur répondeur. "Suite aux directives gouvernementales, notre cinéma est fermé jusqu'à nouvel ordre, mais toute l'équipe a hâte de vous retrouver", peut-on entendre sur de nombreuses boîtes vocales. Bientôt, ces voeux devraient pouvoir être exaucés. Dans sa dernière intervention télévisée, le président de la République a annoncé une date : le 15 décembre. Cette réouverture reste conditionnée à l'évolution de la situation sanitaire : les 5000 contaminations quotidiennes ne devront pas être dépassées. Mais déjà, les gérants de salles de cinéma se réjouissent de retrouver leur public et planchent sur leur programmation.
Reprogrammer les films interrompus par la fermeture
Négocier avec les distributeurs, retravailler toute la grille horaire, choisir les films... Derrière les portes fermées des cinémas, c'est l'effervescence.Pour faire ses arbitrages, Jean-Sylvain Minssen, gérant du cinéma nîmois "Le Sémaphore", s'est donné un mot d'ordre : "fidélité".
"Nous avons gardé l'intégralité de la programmation pré-confinement", souligne-t-il. "Pour faire de la place aux autres, on aurait pu déprogrammer les films qui avaient fait un mauvais démarrage en octobre, mais ce n'est pas notre éthique", insiste Jean-Sylvain Minssen. L'objectif : permettre au public de retrouver toutes les sorties "interrompues en plein vol" par la fermeture.
Les seuls films abandonnés, comme The Singing Club, sont ceux que les distributeurs ont préféré retirer eux-mêmes des salles, parfois pour les vendre à des plateformes de streaming. C'est le cas des Tuche 4, repoussé à février 2021, ou de Mulan, disponible seulement sur Disney+.
Pas de séance le soir
Le bouleversement majeur de cette réouverture réside dans l'instauration d'un couvre-feu national de 21h à 7h. Les dernières séances auront donc lieu vers 18h30. Un manque à gagner important pour l'ensemble des salles.Cette modification des horaires incite à viser un autre public. "On va perdre les actifs, qui représentent 30% de notre public, et qui ne sont pas disponibles en journée. On va donc se reconcentrer sur les seniors et les enfants", explique Fabrice Caparros, directeur général de Ciném'Aude, une association qui regroupe cinq salles. Il proposera donc Calamity, Chien Pourri ou Petit Vampire, des films "arts et essais" pour enfants qui avaient connu un succès surprenant avant la fermeture.La séance du soir, entre 20h et 21h, c'est 50% du chiffre d'affaires de la journée
Plus de choix en "arts et essais"
La période des fêtes de fin d'année est habituellement celle des blockbusters et des films pour enfants. "Les distributeurs restent encore frileux sur les sorties nationales", constate Christelle Baron, responsable du cinéma Le Taurus à Mèze. Les films phares de cette réouverture seront donc plutôt des films d'auteur : Adieu les Cons d'Albert Dupontel, qui a connu un excellent démarrage avec 700 000 entrées. Drunk, de Thomas Vinterberg ou encore Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, sorti en septembre."On sent que les multiplex s'intéressent aujourd'hui à des œuvres que nous étions seuls à diffuser, comme les courts-métrages d'animation", observe Jean-Sylvain Minssen, amusé. Pour autant, les uns et les autres continuent de miser sur les blockbusters. Prévue le 16 décembre, au lendemain de la réouverture, la sortie de Wonder Woman 1984 est particulièrement attendue.
Objectif 2021
Pour l'heure, le calendrier des sorties n'est pas surchargé. C'est en janvier que les sorties vont se bousculer, selon Jean-Sylvain Minssen. "Les distributeurs s'arrachent déjà les dates de janvier, en supposant que les restaurants vont rouvrir simultanément. C'est là que ça va clasher", prévoit-il."L'année 2020 est une année morte, mais on croit en un redémarrage en 2021", affirme Fabrice Caparros. Lors du premier déconfinement, le public était revenu en masse dans les salles. Les gérants de cinéma restent donc optimistes. "Rien ne remplacera l'expérience de la salle noire, du visionnage collectif et du grand écran", conclut Jean-Sylvain Minssen.