Tirer le rideau d'un commerce, c'est toujours un crève-cœur. A Génolhac, dans les Cévennes gardoises, le Café du Commerce vit ses derniers jours et aucun repreneur ne s'est porté candidat.
C’est l’affaire la plus ancienne du village. Le café du commerce existait déjà quand, en 1938, les parents de Marie-Thérèse le rachètent. Celle qui gère désormais le club du troisième âge a travaillé ici et y a vécu avec ses frères et sœurs. "Cela représente beaucoup, nous sommes nés ici tous les trois et c'est vrai que lorsque maman a vendu parce qu'elle avait 72 ans et qu'il fallait penser à arrêter, j'ai eu un déchirement", confie Marie-Thérèse Giloux.
Des années plus tard, les fourneaux continuent de chauffer. Mais pour la cheffe, le déchirement est également là. A la fin de la semaine, elle mettra la clef sous la porte après deux ans d’activité.
"Il y a beaucoup de sentiments qui se mélangent, de la tristesse et aussi un sentiment d'échec. Ce n'est jamais agréable de renoncer à son investissement. Je ne parle pas d'argent, je parle d'un investissement personnel", témoigne Sabine Planard, gérante du Café du Commerce.
Il y a aussi un peu de soulagement. Ici, la restauratrice a vécu la crise sanitaire, la hausse des prix des matières premières et une perte de fréquentation. "On passe de 30 couverts à 5 couverts, de 5 à 8 couverts, puis de nouveau à 25 couverts. C'est trop compliqué à gérer et ce n'est surtout pas rentable", poursuit-elle.
Désertification
Difficile alors de trouver un repreneur. Et le cas n’est pas isolé. Trois commerçants du centre de Génolhac partent en retraite, et un seul a trouvé un remplaçant, après deux ans de recherche. Pour la municipalité, il est important de garder l’âme du village.
"C'est un peu inquiétant car ce coeur de village est historique et l'on voit que de très anciens commerces ont fermé depuis longtemps. La consommation a changé, le mode de vie a changé. Il faut inciter les gens à se réimplanter sur des lieux comme les nôtres", déclare Laure Pageix, deuxième adjointe à la Mairie.
C’est là tout l’enjeu des territoires ruraux. Que les commerces au cœur des villages ne deviennent pas seulement des souvenirs accrochés aux murs.
Ecrit avec Pauline Pidoux.
