Le Conseil d'Etat a finalement validé le dossier de demande d'IGP européenne pour le sel et la fleur de sel camarguais. Une demande remise en cause l'an dernier par les sauniers de l'Atlantique qui contestaient depuis 1997 l'appellation fleur de sel déposée par la Camargue.
C'est peut-être la fin de la guerre entre Guérande et la Camargue. Le 27 décembre dernier, Le conseil d'Etat a validé le dossier des sauniers de Camargue, dossier destiné à obtenir de l'Europe une indication géographique protégée (IGP).
l'IGP en question
Indication géographique protégée. IGP. Trois petites lettres et une reconnaissance européenne que veulent obtenir les Camarguais pour protéger leur production méditerranéenne de sel. Et c'était bien parti, il y a moins de deux ans, puisque le ministre de l'Agriculture ainsi que celui de l'Economie et des Finance avaient homologué 17 septembre 2018 par arrêté le cahier des charges concernant la dénomination "sel de Camargue" et "fleur de sel de Camargue". Mais c'était sans compter avec la querelle entre sauniers de Méditerranée et d'Altantique sur la paternité de l'appellation "fleur de sel", depuis que les Salins du Midi ont déposé la marque.
Fleurs et sel de la discorde
Ce sont les sauniers de l'Altantique, réunis dans l'Association française des producteurs de sel marin de l'Atlantique (AFPS) et plus particulièrement 3 producteurs qui ont demandé devant le Conseil d'Etat l'annulation du dossier sur cette homologation en IGP, en invoquant le vocable " fleur de sel". En effet, en 2000, les paludiers de Guérande avaient obtenu devant le tribunal de grande instance de Montpellier, le droit d'utiliser cette dénomination "fleur de sel", malgré la marque déposée par les Salins du Midi.
Le conseil d'Etat donne raison aux sauniers de Camargue
Pour le conseil d'Etat, la "fleur de sel de Camargue" est commercialisée " au moins depuis la fin des années 90. Cela démontre "une antériorité suffisante pour apprécier l'existence d'un lien entre la qualité ou la réputation du produit et son origine géographique", affirme le Conseil d'Etat.
Deuxième argument du Conseil d'Etat en faveur des Camarguais : le cahier des charges proposé permettait bien de "différencier objectivement" ce qui serait du "sel" ou de la "fleur de sel" et de "vérifier leur absence de mélange".
A terme, plusieurs fleurs de sel reconnues en Europe
Après cette décision du Conseil d'Etat de valider le dossier camarguais, la France va pouvoir continuer la procédure d'homologation européenne. De leur côté, les producteurs de Guérande ont obtenu cette IGP dès 2012. Depuis cette date, leur sel et leur fleur de sel sont reconnus et protégés au sein de l'Union européenne.
Le reportage dans les salins camarguais de Frédérique Poret et Camille Bosshardt.