Alors que le Gard est déjà placé en situation de "vigilance sécheresse" et que des restrictions d'eau sont déjà en vigueur, la maire d'un village de la Cèze s'alarme face aux besoins en eau d'un grand camping situé sur sa commune.
Saint-Victor-de-Malcap, dans le Gard. Des bungalows flambants neufs déjà installés dans ce camping et beaucoup d’autres en attente d’installation avant l’été. La maire du village a vu le petit camping devenir un grand 4 étoiles d’une capacité de 800 personnes pour 216 emplacements autorisés par la préfecture. Des hébergements raccordés à l’eau potable.
"Ce sont des autorisations qui avaient été données il y a 20 ans, à une époque où les usages des campings étaient des emplacements nus, des caravanes. Ce n'était pas de l'hôtellerie de plein air. C'est quasiment un second village", explique Mireille Désira-Nadal, maire de Saint-Victor-de-Malcap.
La commune puise son eau dans les nappes de surface de la Cèze. La rivière affiche fin mars le niveau d’un mois de juin. C'est d'ailleurs pour éviter les coupures d'eau de l'an dernier que le camping a demandé une adaptation du réseau communal à ses besoins.
"Je leur ai répondu que l'on était en extrême tension, particulièrement pendant la période d'été, où ils ont les plus gros besoins et qu'il était hors de question que je dépouille mes administrés pour les satisfaire et qu'il fallait qu'ils trouvent d'autres solutions ", poursuit la mairesse.
"Nous comprenons les problèmes de pénuries d'eau"
Cette autre solution passe par un autre réseau alimenté lui aussi... par la Cèze. Le camping déjà équipé d’un complexe aquatique s'est aussi vu refuser un permis de construire d’une nouvelle piscine de 200 m2.
La direction prend acte mais dément une augmentation de ses besoins en eau.
"Je n'ai pas du tout envie de faire grossir ce camping. Il a toujours existé avec 216 emplacements, il va continuer avec 216 emplacements. Sur les problèmes de pénuries d'eau, nous comprenons parfaitement. On a voulu construire une nouvelle piscine que l'on nous a refusée, on est complètement d'accord ! Aujourd'hui, il y a des mobil-homes sur les emplacements, mais les clients en mobil-homes dépensent autant d'eau que les clients en emplacements", explique Nicolas Houe, propriétaire du Domaine de Labeiller.
Des piscines de camping qui échappent aux restrictions d'eau imposées par ailleurs. Et des communes contraintes d'investir surtout pour assurer le traitement des eaux usées des vacanciers, un modèle désormais remis en cause par le changement climatique.
Ecrit avec Alexandre Rozga.