TEMOIGNAGE. "J'ai eu envie d'en finir": à Nîmes, le combat d'une enseignante pour la reconnaissance de son handicap

Sandra Vétier-Rey, professeure agrégée d'économie est handicapée à 80 %. Elle se bat depuis des années pour que le rectorat lui accorde une fois pour toutes un poste adapté.

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Sandra Vétier-Rey est une femme brisée. A 51 ans, cette professeure agrégée d’économie lutte sans relâche depuis 7 ans pour travailler dans des conditions adaptées à sa maladie. Atteinte de douleurs chroniques au bassin depuis 2007, elle ne peut plus enseigner debout et ne peut pas conduire plus d’un quart d’heure. Déclarée travailleuse handicapée en 2009 avec un taux d’invalidité désormais à 80 %, elle occupait depuis 2015 un poste adapté à son handicap en étant rattachée à l’enseignement à distance : le CNED.

Lutte sans fin

Elle ne travaille qu’à 50 %. Le reste est consacré aux soins et autres rendez-vous médicaux. Tablette, écran, lit médicalisé : elle avait bataillé sept ans pour avoir un équipement adapté pour travailler à distance, à domicile et allongée. Cet équipement, elle l'a enfin reçu à la mi-juin. Une victoire et un soulagement de courte durée : le rectorat de Montpellier a décidé de la renvoyer enseigner en présentiel dans un lycée à Nîmes à un quart d'heure en voiture de chez elle.

«Certes, ce sera à mi-temps et à 15 minutes en voiture de chez moi… Mais pour combien de temps ?", soupire la quinquagénaire épuisée. 

Ce poste m’a été attribué pour un an. Il va falloir se battre pour le pérenniser «   à Coups de Temesta et de Lexomil. C’est une décision très violente, je n’en peux plus. C’est le 5e recours. Je suis au bout du rouleau. C’est inhumain.

Sandra Vetier-Rey

Je ne suis pas la seule enseignante handicapée. Dans l’Education nationale, beaucoup sont dans la maltraitance des personnes handicapées.  J'ai pensé plus d'une fois à en finir. Ils cherchent à nous mettre en retraite pour inaptitude. Je ne serai plus apte lorsque je me serai suicidée", souffle l’enseignante à bout.

Contacté, le rectorat répond que le changement de poste relèverait d'une demande de l'enseignante, ce que l'intéressée dément.

Au terme de ces 7 ans, elle a alerté les services RH sur le fait qu’elle ne s’épanouissait plus ni professionnellement ni personnellement sur ce poste. Ces derniers se sont mobilisés pour trouver une solution pour qu’elle puisse retrouver sens et épanouissement au travail. 

Rectorat de Montpellier

Si elle est soutenue localement dans sa démarche par le syndicat enseignant SNALC, e cas de Sandra Vétier-Rey n'est pas isolé à tel point qu'une association nationale regroupant ces personnels a été créée. C'est l'Association nationale des travailleurs en situation de handicap de l'Education nationale, l'Anthen. 

Mauvais élève

« Aujourd'hui, l'Education nationale est le plus mauvais élève de France en matière d'inclusion dans la Fonction publique », insiste l'association : le taux d'emploi de personnels handicapés est de 3,5 % en 2020 (source Fiphfp) alors que le quota visé est de 6 %*.

Le taux d'emploi de personnels handicapés dans l'Education nationale est de 3,5 % en 2020 alors que le quota visé est de 6 %*.

Fiphfp

Il faut d'ailleurs rappeler que l'Education nationale n'est soumise à l'obligation d'emploi que depuis 2021, elle a longtemps bénéficié de cette exonération. « On aurait aimé que les syndicats se saisissent beaucoup plus de la question mais si l'on existe c'est qu'ils ne l'ont pas fait », explique Florence Dumas-Castets co -fondatrice en 2019 de  l'Anthen.  En février 2022, l'association a adressé un SOS de 300 professeurs à son ministère. Il serait resté lettre morte.

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