Au dernier jour du procès de Valentin Marcone jugé pour avoir tué son patron Luc Teissonnière et un de ses collègues Martial Guérin le 11 mai 2021 dans une scierie dans le village cévenol des Plantiers dans le Gard, les parties civiles ont pris la parole avant les réquisitions de l’avocat général. Le verdict est attendu dans la soirée.
30 ans de réclusion criminelle. Au terme de son réquisitoire, l'avocat général Bertrand Baboulène a demandé aux jurés de condamner Valentin Marcone à 30 ans de réclusion. Il a demandé d'assortir cette peine d'une période de sûreté de 20 ans et d'un suivi psychiatrique obligatoire, d'une interdiction de se rendre dans le Gard et en Lozère ou de posséder des armes.
"Rétention de sûreté"
L'avocat général a réclamé également que soit prononcée une peine de "rétention de sûreté", afin que sa dangerosité soit réexaminée par des experts un an avant la date supposée de sa sortie, ce qui pourrait prolonger sa détention d'au moins un an.
L'homme de 32 ans est jugé pour l'assassinat de son patron, Luc Teissonière, 55 ans, et celui de Martial Guérin, 32 ans, le 11 mai 2021 dans une scierie cévenole des Plantiers, dans le Gard.
L'accusé avait ensuite pris la fuite durant quatre jours et s'était caché dans un trou de sanglier. Il s'était rendu après plus de 80 heures de traque. 350 gendarmes avaient été mobilisés, le village confiné.
"Scène de guerre, scène de terrorisme"
Le magistrat chargé de l'accusation, parlant de l'audience, avait lancé en commençant son réquisitoire : "Il y a des procès qui ne ressemblent pas aux autres. C’est un procès peu ordinaire par la gravité des faits et le contexte, la cavale, la traque."
Cette affaire, qualifiée de tuerie des Plantiers, c'est l’irruption de la folie ordinaire dans un quotidien banal.
Bertrand BaboulèneAvocat général
Le magistrat évoque la scène du crime : "une scène d’exécution. Une scène qui ressemble à une scène de guerre, une scène de terrorisme". Les crimes ? À bout portant, exécutés par un professionnel, qui ne pouvait pas manquer sa cible. Pour lui, ils ont été commis par "un homme à la dimension victimaire".
Le germe des crimes, il le porte en lui depuis des années par son statut de victime, vrai ou supposé.
Bertrand BaboulèneAvocat général
Pas de préméditation
A l'issue de quatre jours de procès, l'avocat général Bertrand Baboulène a toutefois estimé que la préméditation n'était pas établie et qu'il ne s'agissait donc pas d'assassinats mais seulement de meurtres commis de manière concomitante. Mais "cela ne change rien à la peine encourue, puisque la concomitance est une circonstance aggravante qui lui fait également encourir la détention à perpétuité", a expliqué le représentant du ministère public.
Bertrand Baboulène a cependant estimé que le discernement de Valentin Marcone était "altéré" au moment des faits, ce qui réduit à 30 ans de réclusion la peine maximale.
"Arrêter le temps pour les proches des victimes"
"On dit que les Assises ce sont des histoires de vie. Ce sont aussi des histoires de mort, des destins brisés. Je vous demande d’arrêter le temps pour ceux qui aimaient Luc et Martial (les deux victimes), leurs proches dont Valentin Marcone n’a pas tué l’amour et pour Vincent, la victime survivante", avait lancé auparavant Me Rémy Nougier, avocat de Vincent Amalric, seul témoin du drame. "Vincent, qui ne sait toujours pas pourquoi ils sont morts et pourquoi lui est vivant », a lancé Me Nougier aux jurés de la cour d’assises. Pour "Vincent, seul survivant, est un jeune homme qui, quand il ferme les yeux, voit le visage de la mort », il demandera aux jurés "d’écrire le dernier chapitre de l’histoire en faisant en sorte que le temps reprenne son cours pour ceux qui restent et pour que Vincent retrouve son vrai sourire".
Isabelle Ortigosa Liaz, pour la famille de Luc Teissonière, a enfoncé le clou.
On ne peut pas expliquer qu’on a tué après avoir pété un plomb pour des heures supplémentaires et un prétendu licenciement.
Isabelle Ortigosa Liaz, avocat des parties civiles, à Valentin Marcone.
Pour Me Ludivine Glories, qui a conclu les plaidoiries des parties civiles, Valentin Marcone, "qu’aucun traitement médical ne fera changer et qui a fait justice lui-même, a prémédité ces crimes".
"Je regrette ce que j'ai fait"
Interrogé par ses avocats en début d'audience, ce lundi 29 janvier, l'accusé a déclaré : "Après les meurtres, je suis parti. Tout se bousculait dans ma tête, j'étais paniqué. Je suis parti dans la forêt sans vraiment réfléchir. Je voulais me tuer. Je voudrais dire aux parties civiles que je regrette vraiment ce que j'ai fait. Je ne l'ai pas calculé. Je les ai tués pour rien. Pour une phrase qui m'a fait disjoncter", a répété Valentin Marcone en regardant en face les proches des victimes.
Le procès se poursuit avec les plaidoiries des avocats de la défense en début d'après-midi. Le verdict est attendu dans la soirée.