Trente ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté de 20 ans, avaient été requis lundi à l'encontre de Valentin Marcone, jugé pour avoir abattu son patron et un collègue en mai 2021 dans la scierie des Plantiers, au coeur des Cévennes gardoises.
"J'assume ce que j'ai fait, je le regretterai toute ma vie. Je demande à personne de me mettre moins de 30 ans, même la perpétuité. Je pense avoir commencé à me soigner. Il faut que je me fasse soigner pour comprendre à quel point j'ai débloqué". Ces quelques phrases prononcées du fond du box sont celles de l'accusé Valentin Marcone, qui à l'invitation du président, a eu la parole en dernier.
L'homme de 32 ans était jugé depuis quatre jours pour un double assassinat. Celui de son patron Luc Teissonière et celui de son collègue Martial Guérin, tous deux abattus d'une balle dans la tête, le 11 mai 2021, dans une scierie du village des Plantiers dans les Cévennes.
Après un peu plus de deux heures trente de délibéré, les jurés de la cour d'assises du Gard ont déclaré Valentin Marcone coupable de meurtres (sans préméditation) et l'ont condamné à 30 ans de réclusion criminelle, assortis pour la moitié d'une peine de sûreté.
Il a été reconnu coupable d'avoir tué son patron et son collègue sans que ses crimes aient été prémédités. La cour a aussi reconnu une altération de son discernement au moment des faits.
30 ans requis
30 ans de réclusion assortis d'une période de sûreté de 20 ans avaient été requis à l'encontre du trentenaire, par l'avocat général. Une peine d'exclusion selon des avocats Me Hélène Mordacq et Florence de Prato. Face aux jurés et à la cour, les deux avocats ont dépeint un accusé "solitaire", "travailleur".
Différent
Valentin Marcone n'a pas les mêmes codes sociaux que tout le monde. "Au village des Plantiers, il ne se mélange pas, il n'est pas chasseur, il ne va pas boire au bar. Il est différent.
C'est un homme fragile et frêle, incapable d'exprimer ses sentiments, loin du Rambo des Cévennes, ou du "survivaliste" dépeint par certains médias.
Hélène Mordacq.
Lorsque je l'ai rencontré, il n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qu'il s'était passé, je lui ai conseillé de garder le silence", expliquera Hélène Mordacq, première avocate à s'exprimer en défense. "Dès le départ, il a sa version des faits qui n'a pas bougé d'un iota. Dès le départ, il a regretté, dès le départ, il a eu un mot pour les parties civiles et compris que son geste avait été disproportionné", a poursuivi Hélène Mordacq d'une voix douce.
Pas de préméditation
Elle tentera de faire admettre aux jurés que ses crimes n'étaient pas prémédités.
"Si cela avait été prémédité, il se serait mis à 300 mètres et il aurait tiré avec des balles qui s'effritent. Ni vu ni connu.
Hélène MordacqAvocate de la défense.
"Il aurait préparé sa fuite et pris des victuailles".
"Valentin Marcone c'est un millefeuille de DYS, de problèmes de santé, de souffrances, d'échecs, victime de harcèlement. Je veux vous dire comment il s’est construit et en est arrivé à ce drame ", continuera Florence de Prato toujours en défense.
Peurs
Elle reprendra les brimades de l'ancien maire, la peur du gendarme et une frayeur qui vont le conduire à porter un gilet pare-balles puis à s'armer. "Il va devenir un super-héros avec sa carapace", ajoutera l'avocate. Elle demandera à son tour aux jurés "d'aller au-delà des apparences pour le juger, de tenir compte de l'altération de son discernement" et "car ce n'est pas un monstre", de ne pas prononcer "une peine d’élimination mais une peine juste".
Valentin Marcon ne devrait pas faire appel de sa peine.