Fusillade à Nîmes : enfant de 10 ans tué, "victimes collatérales", quartier grangréné par la drogue, ce que l'on sait après ce nouveau drame

Une fusillade a fait un mort la nuit dernière dans le quartier Pissevin, gangréné par la drogue, à Nîmes. La victime est un enfant de 10 ans qui se trouvait dans la voiture de son oncle. Le véhicule a été touché par des tirs d'armes automatiques. La procureure et le préfet du Gard on fait le point sur l'enquête en fin de matinée.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Un enfant de 10 ans a été tué dans une fusillade survenue dans la nuit de lundi à mardi à Nîmes (Gard). La petite victime a reçu une balle dans le dos, alors que la voiture de son oncle a été touché par des tirs d'armes automatiques dans le quartier Pissevin, gangréné par le trafic de drogue. Des renforts policiers ont été déployés sur place.

La procureure de la République ainsi que le nouveau préfet du Gard, Jérôme Bonet, on donné une conférence de presse depuis le quartier Pissevin de Nîmes. Voici leurs principales déclarations. 

  • Cécile Gensac : "ce monsieur (le conducteur blessé par balles, NDLR) est né en 1995. Il devrait pouvoir être entendu dans la journée puisque son état de santé semble s'améliorer heureusement".
  • Cécile Gensac : "la famille est une résidente du quartier".
  • Cécile Gensac : "Il s'agit de victimes collatérales. Il y a un cap franchi sur l'idiotie et le comportement totalement irréfléchi de personnes dont on se demande aujourd'hui si elles ont conscience de la gravité des faits qu'elles commettent".
  • Cécile Gensac : "pas plus tard qu'hier soir, deux personnes ont été écrouées dans le cadre de ces qualifications de criminalité organisée."
  • Jérôme Bonnet : "cette guerre n'est pas perdue. "C'est une lutte permanente et mondiale, l'offre et la demande sont génératrices de beaucoup de gains financier. Cette lutte nécessite de ne rien lâcher".
  • Jérôme Bonet, préfet du Gard : "la criminalité organisée est active dans nos quartiers et c'est pourquoi il faut avoir une action résolue".
  • Cécile Gensac :"ll y a régulièrement des échanges de tirs, notamment dans les quartiers ouest de Nîmes".
  • Cécile Gensac : "le contexte est celui de territoires qui se mènent une guerre suite à des démantèlements de points de deal. Des zones de vide sont créées et la nature a horreur du vide, les trafiquants aussi".
  • Cécile Gensac : "on ignore le nombre de tireurs"
  • Cécile Gensac confirme que la famille visée n'a rien à voir avec le trafic de drogue et qu'il s'agit de victimes collatérales qui ont eu "pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment".
  •  La procureure Cécile Gensac : une enquête ouverte pour "assassinat en bande organisée"
  •  Cécile Gensac indique s'être rendue dès la nuit dernière auprès des victimes à l'hôpital. Selon elle, les jours du conducteur adulte de la voiture visée par les tirs ne sont plus en danger.
  •  Jérôme Bonet, préfet du Gard : "on est face à un crime absolument intolérable". Le préfet confirme la venue dès ce soir de la CRS 8 dans le quartier. "On doit savoir que l'état est totalement engagé dans ce quartier".

Des vidéos de la fusillade

Les images circulent sur les réseaux sociaux. On y voit au moins un individu, armé d'une arme longue qui semble faire feu en direction d'un véhicule.

durée de la vidéo : 00h00mn27s
Une fusillade a fait un mort dans le quartier Pissevin de Nîmes. ©DR.

Le rappel des faits

Le drame a eu lieu vers 23 heures hier soir au sud-ouest de Nîmes, dans le quartier Pissevin classé en ZUP (zone à urbaniser en priorité) au niveau de l'avenue des Arts (voir carte ci-dessous). Selon les premiers éléments, un homme qui habite le quartier rentrait d'un restaurant en voiture avec ses deux neveux de 7 et 10 ans, quand la fusillade a éclaté. L'oncle aurait été atteint par trois projectiles. L'enfant de 10 ans a été atteint d'un balle dans le dos.

Selon des témoins, au moins quatre tireurs cagoulés ont fait feu, indique une source policière. Une cinquantaine de douilles auraient été retrouvées sur place par la police technique et scientifique.

Des victimes collatérales ?  

L'automobiliste qui tentait de se garer a immédiatement redémarré et s'est dirigé à l'hôpital. Son neveu de 10 ans est décédé à son arrivée à l'hôpital. Blessé par balles au niveau du dos, le conducteur n'était pas connu des services de police. Lui et les deux enfants à bord de la voiture seraient des "victimes collatérales" et n'auraient rien à voir avec le trafic de drogue qui grangrène le quartier, selon des sources syndicales dans la police qui indiquent aussi que des tirs ont retenti "tout le week-end" dans ce même quartier.

Les suspects ont pris la fuite. Ils étaient "à bord d'un véhicule volé qui a été retrouvé quelques temps plus tard à proximité", affirme à France Bleu Gard Lozère François-Xavier Debonneville, secrétaire départemental adjoint d'Alliance Police nationale dans le Gard.  

Un "immense drame qui ne restera pas impuni"

Une enquête a été ouverte, confiée à la police judiciaire de Nîmes. Dans un communiqué adressé aux rédactions, la procureure de la république de Nîmes confirme que "suite à des échanges de tirs intervenus au sein du quartier Pissevin situé à l’ouest de Nîmes, un enfant de 10 ans est décédé cette nuit. Un homme a en outre été victime des tirs de balles. Les jours de ce dernier ne seraient plus en danger". La procureure ainsi que le nouveau préfet du Gard prévoient de s'exprimer, ce mardi, à partir de 11h30, lors d'une conférence de presse.

Gérald Darmanin a réagi sur Twitter. Il dénonce un "immense drame qui ne restera pas impuni". "La police a déjà interpellé de nombreux trafiquants ces dernières semaines et va intensifier sa présence avec fermeté", ajoute le ministre de l'Intérieur. Des moyens de police judiciaire supplémentaires ainsi que des effectifs de la CRS 8, une unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, ont été déployés sur place depuis 15 heures.

Le secrétaire départemental adjoint d'Alliance Police nationale François-Xavier Debonneville condamne quant à lui cet "événement terrible et inadmissible" qui a fait "une victime collatérale, qui plus est un enfant".

"Un nouveau cap intolérable"

"Aujourd'hui un nouveau cap intolérable a été franchi dans l'escalade de la violence et des règlements de compte entre trafiquants", déplore ce mardi sur Facebook le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier, après la mort d'un enfant de 10 ans, tué dans une fusillade cette nuit dans le quartier Pissevin.  


 L'édile se dit "profondément choqué, attristé et révolté par ce nouveau drame". Jean-Paul Fournier "mesure la douleur insupportable des parents" de cet enfant et leur adresse ses "sincères condoléances". 

Le quartier Pissevin aux mains des trafiquants

Ce quartier de Pissevin est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvier, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants. "Les dealers ont pris le pouvoir sur le quartier, sur tous les quartiers d'ailleurs", a réagi auprès de l'AFP mardi Raouf Azzouz, directeur du centre social nîmois "Les mille couleurs": "Aujourd'hui l'espace public est privatisé par les vendeurs de mort", a-t-il déploré, regrettant "l'omerta et la peur de représailles".

Selon des chiffres de l'ex-procureur de Nîmes, Eric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu à Pissevin, au Chemin Bas et au Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d'immeubles et de tours.

Ces trois quartiers avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l'exode rural, des rapatriés d'Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants. A Pissevin, 70% des 13.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46%.

Ecrit avec Alexandre Grellier, Alexandre Rozga et l'AFP.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information