VIDEO. "On prive les détenus de leurs libertés fondamentales" : les surveillants de prison en grève pour dénoncer leurs conditions de travail

Depuis plusieurs mois, les tensions grandissaient au sein de l'équipe de surveillants de la prison de Nîmes. Surpopulation des cellules, manque de personnel, insalubrité... Les gardiens ont finalement déclaré l'état de grève et le blocage de la prison ce lundi matin.

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La maison d'arrêt de Nîmes devrait être totalement bloquée ce lundi 18 décembre 2023. Devant la prison, surveillants et surveillantes sont rassemblés depuis 6h45 ce matin, pour dénoncer des conditions de travail délétères.

Les gardiens de prison mettent également en évidence de graves manquements concernant les conditions de vie des personnes détenues qui, selon les syndicats, sont devenues "cauchemardesques". Une mobilisation que le préfet du Gard, Jérôme Bonet, a saluée et à laquelle il indique apporter son soutien.

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Les surveillants de prison de Nîmes bloquent l'accès à la prison ce lundi, depuis 6h45. ©Camille Astruc

77 matelas au sol

En France métropolitaine, la prison de Nîmes est la plus surpeuplée, juste après celle de Mayotte en comptant l'Outre-mer. Au total, 442 détenus qui se côtoient dans un espace normalement prévu pour 180 âmes, soit 90 personnes par surveillant. "On a dû mettre 77 matelas au sol… C’est ingérable, surtout en période de travaux avec la construction du nouveau bâtiment", livre Sébastien Pagès, secrétaire local FO Justice. "Les matelas que l’on a au sol sur Nîmes représentent un sixième de tous les matelas de la direction interrégionale de Toulouse. On n'avait jamais vu ça."

Les matelas que l’on a au sol sur Nîmes représentent un sixième de tous les matelas de la direction interrégionale de Toulouse.

Sébastien Pagès, secrétaire local FO Justice

Nouveau bâtiment, nouvel entassement ?

Au-delà de la surpopulation, la deuxième doléance dont font état les surveillants concerne les travaux commencés depuis peu pour construire un nouveau bâtiment dans la maison d'arrêt. Sur le papier, l'annexe devrait débloquer 120 places, permettant de désengorger une bonne partie du bâtiment principal. "Mais, ça va régler la surpopulation seulement pendant un an on le sait très bien", assène David Dehaye, secrétaire local adjoint de l'UFAP-UNSA Justice. "Qu’est-ce qui empêche l'administration de surcharger le bâtiment de nouveau, en faisant passer les 120 détenus à 300 du jour au lendemain ?"

Le reste du bâtiment ne suit pas les évolutions

En plus du budget de 20 millions alloués par le DAC (dispositif d’accroissement de la capacité) pour le nouveau bâtiment, une autre ressource financière - le schéma directeur des travaux - est censée fournir un budget pour rénover les agencements annexes, comme les douches ou l’infirmerie. "Ce budget-là est envoyé par partie année après année", explique Sébastien Pagès. "Mais la somme n'est pas suffisante pour faire face à la population que l’on aura une fois le nouveau bâtiment livré."

Le secrétaire FO prend l'exemple des cuisines : "avec une cuisine actuellement conçue pour 200 détenus, je crains que l’on ne soit pas en capacité de fournir 650 à 700 repas une fois le bâtiment construit." Pour les grévistes, la revendication est claire : la direction ne devrait pas penser qu'en termes de lits et de cellule, mais devrait adopter un objectif de fonctionnement global et clair.

Une opinion que les surveillants mobilisés ont finalement pu exprimer ce lundi matin, en envoyant une délégation syndicale rencontrer un représentant de la direction de l'administration pénitentiaire dépêché depuis Toulouse.

Des tensions qui s'aiguisent

"On est capable de nous parler de déontologie mais l’administration est aussi capable de mettre trois détenus dans 9m2 avec des matelas au sol." Un système et une situation qui accentue les tensions entre détenus et surveillants, mais également entre condamnés.

On est capable de nous parler de déontologie mais l’administration est aussi capable de mettre trois détenus dans 9m2 avec des matelas au sol.

David Dehaye

"Si demain vous créez un bâtiment qui a tout le confort et la modernité qu'il faut, mais que derrière on met 400 détenus dans un bâtiment qui n’a même pas de douches, ça crée des inégalités et un sentiment d'injustice", analyse David Dehaye, indiquant que les surveillants n'auront même pas de solution ou de réponse à leur apporter puisqu’eux-mêmes ne comprennent pas la situation. "On prive simplement les détenus de leurs libertés fondamentales."

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