Samedi dernier, une petite fleur a provoqué une hécatombe dans une manade gardoise à Aigues Mortes: 12 chevaux sont morts en 5 jours. Aujourd'hui, le reste de l'élevage semble tiré d'affaire. En Camargue, le milieu équestre s'est mobilisé pour aider financièrement la manadière victime de l'Adonis.
La manade Gré, à Aigues-Mortes dans le Gard, a perdu 12 de ses 46 chevaux. Depuis une semaine, les équidés souffraient d’un grave empoisonnement à cause d'une plante de la famille des renoncules, toxique pour les animaux : l’Adonis qui se trouvait dans le foin. Les chevaux sont morts les uns après les autres sans que leurs propriétaires puissent faire quoi que ce soit pour les aider. Près d'un tiers des 46 chevaux de Diana Gré ont succombé. Une vingtaine d'équidés malades, placés sous perfusion, s'en sont sortis.
Une tombola
Dimanche, à l'occasion de la fête nationale du cheval, à Vendargues dans l'Hérault, le milieu équestre s'est mobilisé en faveur de cette famille d'éleveur du Gard. Une tombola a été organisée pour aider la manade, dont les frais s'avèrent colossaux.
Désormais menacée de disparition, la manade a lancé une cagnotte pour tenter d'assurer sa survie. Bénévoles, cavalières et éleveurs ont veillé nuit et jour les chevaux survivants. "Cela peut nous arriver à tous, on peut pas savoir, moi quand j'ouvre un ballot de foin, j'ai l'espoir qu'il n'y a rien dedans, évidemment! C'est insupportable ce qui leur est arrivé" compatit Max Rascalou, le président de l'association Vendargues élevage équitation (Aveec).
Foin contaminé
Les équidés avaient ingéré du foin contenant de l’Adonis, puissant neurotoxique et cardio-toxique. Cette petite fleur rouge, de la taille d'un bouton d'or, est souvent cachée sous les coquelicots. Disparue depuis les années 30, elle est aujourd'hui signalée de Marseille à Perpignan en passant par la Drôme.
Aimant le soleil et le calcaire, on la trouve au bord des chemins, en lisière de forêts et des champs cultivés. Son aire de répartition est plutôt méridionale et en montagne.
De nouvelles méthodes de culture favorisent son émergence. On sera peut-être amenés dans les années à venir à voir cette plante repousser et être à nouveau présente dans nos fourrages.
Alerte pour les herbivores
Selon le RESPE, qui a posté un message d'alerte sur son site internet, les observations de ces dernières années montrent une augmentation des populations d’Adonis dans les cultures fourragères.
La dose toxique débute à 5-10% de contamination par la plante du foin et les cas mortels sont observés dès que le seuil de 15% est dépassé. On trouve des doses indicatives entre 400 et 500g pour un mouton de 60 kg et on évalue à 50g à 500 g la dose mortelle chez le cheval. Il est possible que les teneurs en principes toxiques fluctuent en fonction de l’état végétatif et de stress de la plante.
L'intoxication se produit lorsque les animaux ingèrent du foin contaminé, et non lorsque la plante est consommée à l’état frais. Les symptômes sont impressionnants : convulsions, tachycardie et prostration marquée de l'animal sont fréquentes, ainsi que de violents troubles digestifs avec parfois une diarrhée hémorragique.
La mort est rapide. Le réseau d'épidémio-surveillance en pathologie équine (RESPE), estime que tous les herbivores courent un risque dans le Sud-Est de la France : les espèces sensibles sont en premier lieu les chevaux et tous les équidés, suivis des veaux, puis des ovins et enfin des porcins. Les bovins adultes (ruminants) seraient relativement peu sensibles.