Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a organisé lundi en fin de matinée une réunion de crise autour des conséquences du gel qui a touché les cultures dans toute la France la semaine dernière, notamment dans le Gard, l'Hérault , l'Aude, la Haute Garonne et le Tarn.
"C'était une réunion de travail, pas une réunion avec des décisions", a-t-on indiqué au ministère, à l'issue de ce rendez-vous qui a duré un peu plus de deux heures.
"Les filères ont fait remonter leurs constats, leurs propositions, les banques et les assurances se sont engagées à jouer pleinement leur rôle d'accompagnement et de facilitation avec les agriculteurs touchés", a-t-on indiqué de même source.
Autour de la table, des représentants de l'arboriculture, de la viticulture et des grandes cultures, mais aussi les assureurs, les banques, les chambres d'agriculture, la sécurité sociale agricole MSA, ainsi que des représentants des différents cabinets ,Matignon, Bercy, Travail, afin de coordonner la réponse gouvernementale à cette crise.
Pas de décision chiffrée
Les différentes contraintes, selon les types de production, ont été au coeur des échanges, pour déterminer notamment le calendrier de versement de ces aides.
L'arboriculture et la viticulture, par exemple, n'ont pas besoin de trésorerie au même moment.
Pour la vigne, la récolte n'interviendra ainsi pas avant la fin de l'été et avec elle, un bilan plus précis des pertes, tandis que pour certaines productions de fruits et légumes, c'est une question de semaines, tout au plus. " Tout est lié à la récolte", insiste-t-on au ministère, indiquant qu'il est beaucoup trop tôt pour chiffrer les dégâts. D'autant qu'une deuxième vague de froid est attendue à compter de la nuit prochaine, "dont on ne sait pas quel sera l'impact sur les cultures", selon le ministère.
La vigne
Ce sont tous les départements du Languedoc tournés vers la viticulture et les arbres fruitiers qui viennent d'être touchés de plein fouet par la vague de froid qui a submergé la France. De -7°C à -4°C degrés selon les zones dans la nuit de mercredi à jeudi. De quoi détruire la plupart des bourgeons de vignes et de nombreuses fleurs de fruitiers. De l'Aude au Gard en passant par l'Hérault, les dégâts sont similaires. La plupart des pousses de l'année n'ont pas résisté à ces températures négatives et la production est détruite à 80 %.
Le président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault, était ce matin à Paris pour représenter la filière viticole.
" Nous avons mesuré l'ampleur du sinistre avec des pertes de production jusqu'à 100 % dans le département. Nous avons demandé des mesures d'urgences sociales et fiscales, une véritable année blanche pour l'ensemble des filières, avec des exonérations fiscales et du report des charges. Nous souhaitons un Prêt Garanti par l'Etat reporté au-delà du 30 juin et amorti sur 10 ans, " détaille Jérome Despey, président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault.
Le responsable de la filière viticole se dit satisfait de cette première réunion.
Nous avons été entendu s, avec une écoute attentive et l'annonce de mesures exceptionnelles. Nous demandons vraiment des mesures exceptionnelles. Nous allons travailler et faire avancer les dossiers, filière par filière. Nous devrions avoir des aides chiffrées très prochainement.
Les fruitiers
Du côté des arboriculteurs du Gard, où plus de 80 % de la récolte est également endommagée, le syndicat FDESA est confiant mais vigileant.
" Nous faisons face au plus gros sinistre agricole que le département ait connu, puisque l'on estime les pertes à plus de 400 millions d'euros pour le seul département du Gard, un montant supérieur aux grandes inondations de 2002 ! " rappelle David Sève, président de la FDSEA 30.
Nous serons contents lorsque le gouvernement aura pris en compte nos doléances.
" Nous avons demandé la calamité agricole renforcée, des exonérations d'impôts et de charges sociales, la prise en compte des franchises d'assurances, une aide renforcée pour les jeunes agriculteurs. Et des aides financières avant la fin de l'été afin que les arboriculteurs puissent faire leurs récoltes. Nous esperons que le gouvernement prendra en compte nos doléances concrètement, " conclut David Sève, de la FDSEA du Gard.
Prochaine réunion dans une semaine
Le principe d'une nouvelle réunion la semaine prochaine a d'ores et déjà été acté, à un jour qui reste à déterminer.
En déplacement en Ardèche ce week-end, au chevet des arboriculteurs, le Premier ministre Jean Castex a promis "des enveloppes exceptionnelles" pour aider les agriculteurs à faire face à l'épisode de gel, qui a touché 10 des 13 régions françaises.
Il a également annoncé le déplafonnement du régime d'indemnisation des calamités agricoles, indiquant par ailleurs que seraient examinées, lors de cette réunion, des possibilités de soutien en termes de charges.
Si un bilan détaillé des dégâts est encore prématuré, cet épisode de gel s'annonce d'ores et déjà comme l'un des pires des dernières décennies, de nombreuses cultures, vignes et vergers en particulier, ayant été frappées du nord au sud du pays.