Radars bâchés, distribution d'un arrêté syndical... Des éleveurs du Gers adhérents au syndicat indépendant Coordination rurale, ont mené une série d'actions coup de poing dans la soirée du mardi 14 novembre pour crier leurs ras-le-bol et réclamer leurs indemnisations.
"Foutez-nous la paix, laissez-nous travailler !" Une bâche noire avec ce message tagué a été dressé dans la soirée du mardi 14 novembre 2023, sur le portail de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) à Auch, dans le Gers.
Ce mercredi matin, les agents de ce service de l'État ont aussi eu la surprise de découvrir sur leur pare-brise un arrêté syndical départemental de fermeture administrative, imitant l'un de leurs actes administratifs au texte ironique : " après contrôle dilligenté par nos éleveurs sur l'année 2023, il résulte les non-conformités extrêmes suivantes : non-respect des propriétés privées, exploitations,.... non-respect d'arrêtés préfectoraux, ....divulgation d'information confidentielle, délit de sale gueule.... "
Une action revendiquée
Plusieurs radars ont été bâchés avec le même message. Les photos de ces actions soigneusement préparées ont été postées sur la page Facebook de Lionel Candelon, le président de la CR 32, qui les revendique.
Ces actions visaient le service de l'État en charge des indemnisations et des contrôles des exploitations lors des épidémies qui infectent les animaux. " On a eu des pressions et une rupture de dialogue avec la DDETSPP concernant les retards de paiements liés à la grippe aviaire", explique-t-il. "Certains éleveurs avicoles n'ont toujours pas perçu leur indemnisation d'abattage des canards liés à la grippe aviaire qui datent du mois de janvier et on est presque à la fin de l'année. Sans parler des enveloppes de la PAC. Certains attendent jusqu'à 100 000 euros d'indemnisation. Et on nous met de grosses pressions pour que nos exploitations soient plus blanches que blanches".
Rendez-vous avec la préfecture
La CR 32 réclame plus "d'humanité" dans ses rapports avec le service de l'État. "On fait notre maximum pour être aux normes, il faut tenir compte du travail déjà effectué", poursuit le président du syndicat. L'État a vite réagi. Une délégation sera reçue en préfecture lundi 20 novembre 2023. "On demande un engagement de l'État de respecter le paiement des indemnisations alors que la MHE frappe aussi lourdement le département. Et de nous respecter humainement."
La CR 32 prévient qu'elle pourrait mener d'autres actions plus importantes si elle n'obtient pas gain de cause. " On peut se mobiliser rapidement, il faut réinstaurer un climat de confiance, insiste Lionel Candelon. " Le Gers a perdu 50% de ses éleveurs avicoles et 80% des éleveurs bovins. Si on veut garder ceux qui résistent, il ne faut pas les mettre au fond du seau", conclue-t-il.
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