A Castin, dans le Gers, 2.000 jeunes arbres ont été plantés pour évaluer leur capacité à réagir au futur réchauffement climatique. L’expérience - appelée “ESPERENSE” - donnera des informations indispensables aux exploitants forestiers.
De loin, on dirait des vignes. Nichés en haut d’une petite colline située sur la commune de Castin, dans le Gers, 2.000 plants d’arbres, coiffés de gaines de protection pour éviter que les chevreuils en fassent leur repas. Huit espèces différentes sont représentées : des feuillus comme le chêne, des résineux comme le cèdre ou encore le sapin de Turquie et le cèdre.
Au total, 250 plants par essence ont été plantés ici en mars dernier, sur une surface de deux hectares.
L’expérience - financée par le ministère de l’Agriculture - s’appelle “Esperense”. Elle est menée dans le Gers, mais aussi en Haute-Garonne à Lherm et dans six autres sites en France. Le protocole est à chaque fois le même, les essences plantées en revanche diffèrent. Une base de données sera ainsi constituée, et permettra de comparer l’évolution des plants en fonction des régions où ils ont été plantés.
Le projet est piloté localement par Florent Nonon du CRPF d’Occitane, le Centre régional de la propriété forestière. “Le but, c’est de comparer la réaction de certaines espèces d’arbres face aux changements climatiques à venir. Nous devons nous adapter en vue du réchauffement annoncé, donc cela nous permettra d’avoir des points de repères très utiles pour les exploitants forestiers”.
Le choix du Gers
Grâce à cette expérience - qui est menée sur 30 ans - on saura comment les espèces réagissent non seulement aux températures élevées, mais aussi aux phénomènes de sècheresse ou aux gelées tardives par exemple. Et ce, tout au long de leur croissance. Parallèlement, certaines essences ont été plantées sous serre, ce qui permettra aux chercheurs d’étudier notamment les effets d’un stress hydrique dans leur jeune âge et de mesurer leur croissance sous contrainte.
Le Gers n’a pas été choisi par hasard. “Il fallait un endroit vaste et des conditions de sol homogènes. Le climat du Gers intéresse beaucoup les chercheurs qui sont associés au projet, c’est un climat chaud, sec, il pourrait être comparable à celui du nord-est de la France dans les dix années à venir…” explique Florent Nonon.
Les exploitants forestiers ont été associés au projet “Esperense”. “Quand on travaille la forêt, on le fait sur 50, 80 ans, on le fait pour les générations futures” explique François de Marcillac, le président du syndicat des propriétaires forestiers du Gers qui regroupe près de 200 professionnels. “Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir une référence, d’avoir un maximum d’informations pour nos futures plantations”.
La forêt devra s'adapter
Comme ses collègues exploitants forestiers, il ne cache pas son inquiétude face aux changements climatiques. “Je ne sais pas vers où on va, mais on voit bien qu’on est obligé de s’adapter” explique t’il. Avec les informations recueillies grâce à ces plants, il compte bien sensibiliser ses collègues. “Le danger pour les propriétaires forestiers, c’est d’aller dans le mur. D’utiliser des essences qui ne prennent pas ou qui ne résistent pas avec le temps”.
Un projet à long terme. Rendez-vous en 2050 pour avoir cette base de données si importante pour les exploitants forestiers.