Près d'Aignan, dans le Gers, 36 000 canards devaient être envoyés au gavage. Mais, suite à la suspicion d'un nouveau foyer de grippe aviaire, les autorités sanitaires les maintiennent à l'isolement. Les éleveurs sont totalement désemparés.
2023 commence très mal pour Lionel Candelon. Lui et une dizaine d'autres éleveurs gersois, devaient envoyer en salle de gavage 36 000 canards. Mais voilà, ce mardi 3 janvier, la nouvelle est tombée sans aucun préavis.
Le transfert des animaux n'aura pas lieu. Un nouveau foyer de grippe aviaire est suspecté sur la commune d'Aignan. Les canards qui devaient être gavés puis commercialisés sont "immobilisés" pour au moins une semaine. Les autorités sanitaires interdisent tout déplacement.
Les éleveurs ne savent plus que faire : abattre les animaux et perdre de l'argent ou attendre et vendre à perte.
Abattre ou attendre : pas de bonne solution
Lionel Candelon a l'habitude de voler dans les plumes. Avec son collectif, "Les canards en colère", il n'hésite pas à donner des coups de bec aux autorités sanitaires et même aux syndicats agricoles. Mais, en ce début d'année, il plane chez lui une forme d'abattement.
L'éleveur gersois conserve toute sa "gnaque" et son débit de mitraillette. Il utilise l'expression "zone de guerre" pour parler de la crise sanitaire qui secoue sa profession et son élevage. Mais il confesse ne plus savoir quoi faire.
Lionel Candelon devait envoyer au gavage 6000 canards. Ce n'est plus possible désormais. L'éleveur ne sait plus quelle décision prendre : envoyer ses canards à l'abattoir ou attendre la fin de la période d'isolement.
Dans le premier cas, il perd tout le bénéfice escompté. Dans le second, il est condamné à vendre à perte. Les canards "prêts à gaver" ont 98 jours. Il est déjà en retard sur la période de gavage (entre 81 et 91 jours). S'il décide d'attendre, il faudra continuer à nourrir les bêtes. Ce surcoût va ronger ses bénéfices.
Lionel Candelon et les autres éleveurs ont l'impression qu'aucune solution n'est la bonne. À ce sentiment d'impuissance se mêle une profonde colère contre les pouvoirs publics.
En colère contre les autorités sanitaires
Parmi les options qui permettent une sortie de crise : l'abattage des canards. Avec, à la clé, une indemnisation qui permet aux éleveurs d'encaisser le choc de la perte d'un élevage. Cette solution a été abordée entre Lionel Candelon et les services de l'État.
Mais l'éleveur gersois n'a plus confiance en la parole des pouvoirs publics et attend un engagement écrit. Lionel Candelon invoque une mauvaise expérience, l'an dernier, lors d'un abattage auquel il a procédé.
L'État nous a menti. On ne peut plus faire confiance à ses promesses d'indemnisation.
Lionel CandelonCollectif "Canards en colère"
À défaut d'aide financière, Lionel Candelon attend des informations sur le calendrier et la durée de l'isolement de ses canards. Les services de l'État doivent se réunir ce mercredi 4 janvier 2023 afin de faire un point de situation.
L'éleveur gersois attend un "retour" avec impatience.