Grippe aviaire : un site de reproduction de canards contaminé dans le Gers provoque inquiétude et colère chez les professionnels

Un cas de grippe aviaire a été détecté dans un élevage de cannes pondeuses à Aignan dans le Gers. L’abattage des animaux devrait être effectué mardi 27 décembre dans la matinée.

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Alors qu'ils appellent de leurs vœux la vaccination depuis plusieurs années, les éleveurs de canards du Gers font face à un nouveau coup dur. La grippe aviaire a été détectée dans un élevage d'Aignan, comme l'a confirmé lundi 26 décembre la préfecture du Gers dans un communiqué de presse :

Un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène vient d’être confirmé ce lundi 26 décembre 2022 dans un élevage sur la commune d ‘AIGNAN, dans le département du GERS. Pour éviter tout risque de diffusion du virus à d’autres élevages, le préfet du Gers a pris un arrêté définissant des zones réglementées de protection (ZP), de surveillance (ZS) et zone réglementée supplémentaire (ZRS) qui sont mises en place respectivement dans un rayon de 3, 10 et 20 km autour de l’établissement contaminé.

Préfet du Gers

Communiqué de presse - lundi 26 décembre 2022

"C'est un site qui va être totalement abattu demain matin avec toutes les cannes reproductrices et le manque de canetons qui va s'enchaîner derrière, réagit Lionel Candelon, président du collectif "Les canards en colère". Et il va y avoir la zone des 10 kilomètres aves tous les élevages bloqués à l'intérieur donc entre 50.000 et 90.000 canards prêts à être gavés, dont la plupart sont en âge de sortir, comme le mien par exemple, qui se retrouvent bloqués".

L'ensemble des canes et canards mâles de la société Sud-Ouest Accouvage devront être tués, probablement mardi 27 décembre dans la matinée, ainsi que les poulets d'une ferme située à moins d'un kilomètre.

Colère et dégoût

L'éleveur explique qu'il ne sait pas s'il va pouvoir envoyer ses canards en gavage, dans quelles conditions ni quand. "Moi c'est mon premier lot depuis la crise 2022, depuis que j'ai été abattu le 12 janvier dernier. Et je commence à voir arriver les équipes qui vont m'exploser mon exploitation pour la troisième fois consécutive. Je viens de passer ma première nuit blanche ou quasiment. J'ai un sentiment de colère, de dégoût, de ras le bol", confie l'éleveur.

Il ne comprend pas pourquoi la vaccination, réclamé par la profession depuis 3 ans, n'est toujours pas mise en oeuvre. "J'ai voulu aller voir Julien Denormandie (alors ministre de l'agriculture) quand il est venu à Vic-Fezensac. J'ai été reçu par 40 gendarmes mobiles de la brigade de Marmande. On ne veut pas nous écouter mais le vaccin aurait dû être appliqué depuis le mois de septembre. On aurait lancé le vaccin en Vendée, on saurait si il est efficace et si on peut sauver nos animaux avec. Sauf que là, on a abattu 3 millions et demi d'animaux !".

3,5 millions d'animaux abattus

"On continue encore et on va continuer d'abattre dans le Sud-Ouest car le virus commence à s'installer et on va encore passer des mois sans pouvoir travailler, faire vivre notre exploitation et nous, vivre de notre métier. On n'est toujours pas payé de la crise qu'on a pris dans les dents qu'on en prend une autre dans la gueule, on en a ras-le bol ! On a beau faire des SAS, des bâtiments, chaque année, ça revient".

Pour l'éleveur, la gestion de la crise a perdu tout son sens et les conséquences sont désastreuses pour les animaux. "Il y a des gens qui devaient avoir aujourd'hui et demain des canetons du couvoir, le couvoir est fermé. Si les canetons ne peuvent pas sortir cette semaine, ils seront détruits et ça n'est pas comptabilisé dans les 3,5 M d'animaux qui ont été abattus. Il y aura eu 300.000 canetons qui auront été détruits parce qu'ils n'ont jamais pu être livrés alors qu'on aurait pu faire en sorte qu'on les sauve. Mais non ! On est dans cette administration française avec le surenchérissement de la bio-sécurité, des interdictions, des abattages !".

On est désarmé... C'est plus d'un million de canetons qui ne vont pas naître faute d'oeufs.

Gérard Péres, maire d'Aignan

Gérard Péres, le maire d'Aignan confirme l'existence d'un foyer de grippe aviaire dans sa commune. Il dit craindre une contamination à d'autres exploitations. A un kilomètre à peine, se trouvent deux autres élevages, l'un de canards, l'autre de poules pondeuses bio.

"C'est très difficile de prévenir ce genre d'épidémie, réagit-il. Là on ne peut pas suspecter une défaillance de l'éleveur. Il y a toujours des failles c'est sûr mais c'est très très compliqué. On est désarmé. En plus, c'est la production de canetons qui est impactée et c'est toute la filière derrière qui est concernée. C'est plus d'un million de canetons qui ne vont pas naître faute d'oeufs".

Ironie du sort, la commune d'Aignan se trouve au coeur d'un des dispositifs Adour sensés limiter la diffusion du virus et éviter les crises des années précédentes. Des crises auxquelles la filière fait face depuis 2016. Le plan Adour lancé par le gouvernement a pour mesure phare un vide sanitaire dans les 68 communes les plus densément peuplées en volailles dans le Gers, mais aussi les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. La mesure s'applique entre le 15 décembre 2022 et le 15 janvier 2023.

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